Big Island.
C'est l'île des deux volcans, dont un en activité. Mais
attention: la photo avec les touristes à côté du
torrent de lave en fusion, c'est de la pub. Que dalle! Cela a dû arrivé,
aujourd'hui il faut marcher longtemps pour aller au bord du cratère
et voir, la nuit, au loin, des taches rouges. Sinon, on se contente
de contempler les grands et impressionnantes coulées de lave
refroidie et, très loin, des colonnes de vapeur où la
lave arrivée par des vois souterraines, entre en contact avec
l'eau de mer.
Même si ce
n'est pas le sujet de ce canard, le moment est venu de parler de
Pomankai farm, www.luckyfarm.com,
le B&B à Kona, où on a été accueilli
par Nita Echerwood, une dame avec un cur grand comme ça!
En écrivant ça j'écarte les bras très
large. On est reçu comme des copains. Dans la ferme il y a du
café, des noix de macadamia, bananes, papayes, ananas,
pomelos, citrons, oranges, fruits de la passion, avocats. On a tout ça au petit déjeuner. Elle ne commercialise que le café,
le reste on peut en manger à volonté dans la journée.
Je me suis régalé! En plus elle a vécu à
Paris, parle français et comprend bien les Français.
Aller expliquer à un américain que vous n'avez
pas envie de manger un hamburger avec du ketchup dégoulinant.
Elle nous a envoyé dans une gargote, chez des autochtones,
manger du laulau. Mmmmm. Laulau c'est des morceaux de viande enroulés
dans des feuilles de palmier. Cuits à la vapeur, les feuilles
ont le goût d'épinards. Accompagné de poî, une
sorte de purée violette, fait d'un légume local.
Parlons plongée. Le top ici c'est de voir des mantas sans se mouiller. Au Kona Surf Hotel ils ont installé des projecteurs pour éclairer la mer devant. La nuit la lumière attire le plancton, qui attire les mantas. Il suffit de se placer sur la terrasse, ou de prendre une sortie tuba pour les voir d'en haut ou plonger pour les voir d'en bas. J'ai pris une plongée de nuit pour les voir d'en bas, évidemment. Déjà le premier jour on m'avait dit que la veille il n'y en avait pas, le surf était trop grand. J'ai reporté ma plongée de jour en jour, pour l'annuler à la fin. Il n'y en avait pas. En leur tirant les vers du nez j'ai conclu qu'il y avait rarement de mantas en hiver. Ils ne disent pas ça dans la pub.
J'ai
fait deux
"doubles tanks". Beaucoup de petits poisson, certains
endémiques, d'autres endémiques et rares. Ils
ne m'auraient pas prévenu, je n'aurais pas su! Des tortues, et
encore des tortues. Et du beau corail, surtout sur la plage où le
Capitaine Cook a été tué. Je ne raconterai pas
ses aventures, je noterai seulement l'anecdote de sa mort. Au cours
d'une émeute il a été tué par les
autochtones sur la plage, tandis qu'une chaloupe l'attendait à
quelques dizaines de mètres du rivage. Comme beaucoup de
grands navigateurs, y compris mon ami André, il ne savait pas
nager.
Un mot sur la sécurité. Des fois, même aux US, elle est approximative. Pendant une des sorties on était quatre plongeurs: deux jeunes qui faisaient leurs cours PADI, un autre avec cinq plongées en mer et moi, une étoile CMAS et 50 plongées. Le moniteur nous a dit qu'il allait rester à une dizaine de mètres avec les jeunes et que nous on pouvait aller plus bas, mais qu'on ne s'éloigne pas trop, qu'il puisse nous voir. Il m'a dit qu'à 30 mètres il y a des anguilles de jardin. Il ne m'a pas dit ni d'y aller ni de ne pas y aller. Je n'ai pas osé et je l'ai regretté. Les anguilles de jardin sont des petites anguilles qui ondulent dans le sable que Sylvaine a décrit dans le numéro 3.
On a fêté la nouvelle année trois fois. D'abord à
la Place du refuge. C'est le seul site archéologique qu'on a
vu. Les personnes en fuite, le plus souvent parce qu'ils avaient
transgressé les tabous, étaient considérées
purifiés et graciées s'ils réussissaient à
atteindre le temple. La cabane et les statues en bois sont
reconstituées, ne reste d'origine qu'un long mur et quelques
pierres. Le site est entouré d'un large plateau de lave, un peu plus haut que le niveau de la mer. Dans les cavités, plus
ou moins grandes, remplies d'eau on trouve des poissons piégés
par les marées. Une sorte d'aquarium naturel.
A 13h le 31
décembre c'était le Nouvel an à Paris. On s'est
souhaité les meilleurs vœux discrètement et on a
téléphoné aux enfants. Le miracle du téléphone
portable est qu'on peut trouver le fiston qui fait son service
militaire au fin fond de la France, pour lui dire qu'on est très
bien à la plage. Le soir, chez Nita, il y avait beaucoup de
monde. Mais ils trouvaient que minuit, c'était trop tard. Et bien on a
qu'à adopter l'heure californienne. La tradition à Hawaii
c'est de péter un maximum de pétards.
Ça a duré
quinze minutes. Et à dix heures et demie tout le monde était
au lit. Deuxième son et lumières, surtout son, à minuit
pile chez les voisins.
Chez Nita on a
rencontré Jack, un texan plongeur, mais pilot aussi. Il a loué
un petit avion et on est parti faire le tour de l'île. On a vu
de près les colonnes de vapeur et on a tourné autour du
cratère crachant de la fumée. On n'a pas vu, même
pas d'ici, de la lave rouge. Véra commence à avoir mal au
cur, que nenni. On se pose sur l'aéroport le plus
proche, à Hilo, comme on s'arrête sur une aire de
l'autoroute. Je n'ai pas parlé jusque-là de ma tendre
épouse. La pauvre, elle a attrapé une mauvaise grippe
la veille du départ. Elle n'a pas vu grand-chose à Kauai, a
fait sa convalescence chez Nita et a commencé de profiter du
voyage qu'à l'étape suivante. Reprenons! Au bout d'une
demi-heure on redécolle, vers l'autre côté de
l'île, pour un safari à la baleine. L'intérêt
de l'avion n'est pas seulement qu'on peut les trouver plus
facilement, il y en a partout, mais qu'on peut les voir en entier, en
surface ou en faible profondeur. On en a vu plusieurs, même une
avec un baleineau. Le même enchantement à chaque fois. Quand on
les repère on tourne autour. En général elles
disparaissent vite. Peut-être le moteur les dérange,
même si on est à 500 mètres.