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   Tijuana

    Il me faudra 11 heures pour faire les 880 km entre Mulege et Ensenada. Chose inattendue pour moi: il pleuvra sur la route. Pas beaucoup, mais il pleuvra.

    Le quartier Mirador.Le lendemain, 110 km plus loin, je ne peux pas voir grand-chose à Tijuana. J'ai mon sac de plongée dans le coffre et ma valise sur le siège arrière. Alors je n'imagine pas de laisser la voiture sur un parking et aller me balader. Néanmoins je peux contempler le mur. D'abord par un détour dans le quartier, bien nommé, le Mirador, ensuite autour de l'aéroport.

    Le mur.Le mur.L'avenue de l'aéroport longe le mur. Sur plusieurs centaines de mètres: de simples croix blanches sur le mur. Un nom ou la mention no identificado. Ce sont ses victimes, à partir du début du nouveau millénaire. Pourtant ce mur n'a pas l'air si méchant que ça. Il y a des caméras et des réflecteurs, pas de miradors avec des mitrailleuses ni de soldats avec des AK47. Je me dis que s'il y aurait eu, il y aurait peut-être moins de victimes? Il y a bien des soldats, avec des fusils plus grands qu'aux, sur les routes. Oui, mais sur le mur ça ferait mauvais genre. Alors c'est sûrement mieux comme ça. J'en parle aussi parce qu'avec des grandes lettres rouges il a été écrit: "No puedo pasar indiferente ante el dolor de tanta gente". Alors je fais ce que je peux, voilà une vidéo qu'on ne verra pas à la télé. Comment sont-ils morts? Je ne sais pas, les médias n'en perlent pas. Des noyades, accidents de tout genre, tabassages et autres bavures ...

    Plus tard, dans la nuit, sur l'autoroute bien de kilomètres au nord de San Diego, notre bus s'arrête à la station de San Clemente Border Patrol. Tous les bus doivent s'arrêter. Un flic entre pour vérifier les papiers. "On dit que les Américains ne sont pas obligés d'avoir de papiers d'identité. Voyons voir!", je ricane dans ma tête, à tort. Voilà comment ça se passe! Tous ceux qui ont une gueule mexicaine sortent leur carte de résident, sans se faire prier. Je fais de même avec mon passeport. A ceux qui ne bougent pas il demande: "Are You american citizen?" Le mec répond "Yes!", ensuite il lui demande où il est né. Et c'est tout, pour les Américains. A un mexicain, sur le siège derrière moi, il compare l'empreinte digitale de la carte avec son doit, à l'œil nu. Il y a un problème avec les papiers d'un autre. Il le fait descendre et le bus s'en va. Le mec ne proteste pas. Dans le bus, même après le départ, indifférence totale. La police fait son travail, le citoyen ne s'intéresse pas à ce que ne le regarde pas. Le flot de voitures sur l'autoroute s'écoule sans encombre.

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