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L'écologisme, l'écologie de l'absurde

    Raja Ampat est une réserve marine avec d'innombrables îles et îlots couverts de végétation dense. 160 sur 60 kilomètres, environ. Comme la moitié de la Belgique. Une trentaine de milliers d'habitants sur les îles. Pêche interdite. Interdiction respectée. Je n'ai vu aucun bateau de pêche pendant toute la croisière. Sur le bateau, quand il y avait du poisson, c'était du décongelé.

    Il y a une vingtaine de bateau de plongée qui opèrent sur zone. Et, occasionnellement, des bateaux de croisières classiques, avec touristes. Pas des grosses unités.

    J'ai posé ma première question quand on a vu les premiers des rares villages. Ils ne peuvent pas pêcher, eux aussi ? Qu'est-ce qu'ils mangent ? Si, ils peuvent pratiquer de la pêche traditionnelle. Avec des quotas, je suppose. Plus tard, au point de vue de l'île de Painemu des locaux, les seuls Papous que j'ai croisé à Raja Ampat, vendaient des crabes de cocotiers. Des beaux spécimens. Du retour au bateau j'ai fait remarquer à Akim qu'on aurait pu acheter et se les faire préparer sur le bateau. Quelle était ma surprise de l'entendre me répondre qu'il avait fait exprès de ne pas nous dire de prendre d'argent. Pour ne pas développer le commerce.

    Akim m'avait affirmé que depuis deux ans et demi qu'il est sur le bateau j'étais le premier à lui en demander. Aucun de mes coéquipiers, pourtant pas de débutants, ne connaissait ce mets délicieux. J'ai éveillé la curiosité de quelques-uns. On avait décidé d'aller au restaurant, la dernière soirée qu'on devait passer à bord dans la rade de Sorong. Ceux qui sont allé à terre dans l'après-midi chercher du liquide pour payer leurs reliquats devait se renseigner. Ils sont revenus déçus. Il y a quelques restaurants de fruits de mer à Sorong, ils ont des crabes, mais pas de crabes de cocotiers.

    Pourquoi absurde ?

    Il devait y avoir des millions de crabes dans la réserve, pour moins de 400 plongeurs. Une cinquantaine de crabes mangés par jour s'il y avait une dégustation par croisière !

    Je n'ai pas fait un inventaire de toutes les absurdités écologiques mais il y a de beaux exemples. On avait du raisin à bord. Il n'y a pas de vignobles en Indonésie. Il y en a en Australie. On mangeait souvent du bœuf. De Nouvelle Zélande. La cerise sur le gâteau de l'absurde était les pots de confiture Bon Maman. Dont je me suis régalé d'ailleurs, surtout parce que je n'ai pas droit d'en manger à la maison. La réponse à ma question ironique : "Vous les faites venir de France?" était: "Non, il y a un Carrefour à Jakarta!" Jakarta, qui est à plus de quatre heures de vol de Sorong.

 

    La non sensibilité à l'écologie mène vers d'autres absurdes.

    A chaque retour d'un pays chaud j'essaie de ramener des fruits tropicaux frais. Je ne voyais pas de marché autour de l'hôtel à Jakarta, j'ai demandé à la réception. Ils m'ont conseillé Jakarta Fruit Market , à un kilomètre et demie de l'hôtel. C'est une chaîne de magasins. Quelle était ma surprise de constater qu'une grande partie des fruits dans les étales était des pommes. Plus de 3€ le kilo, plus chères que les mangues. Le raisin le double des pommes. De la Nouvelle Zélande ou d'ailleurs. Certains des fruits des États Unies.

    Dans la rue j'ai acheté du longane. Le vendeur m'avait dit qu'il, le fruit, venait de la Thaïlande.

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