Le choc des civilisations
C'est un autre monde, ils n'ont pas les même rêves que nous. Voilà une illustration:
tout en sachant que 80% de la population de Vanuatu vie de l'économie de subsistance. Alors les trois mâts dans la rade de Vila, ça fait un drôle de contraste.
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On est partie pour le Pacific Sud en pleine hystérie médiatique parisienne sur le Tibet suite au passage de la flamme olympique. A Vila la télé montrait des manifs à Sidney. Le sort des aborigènes étant réglé, nos amis les droit-de-l’hommistes australiens s'inquiétaient pour la culture tibétaine.
Je ne connais pas grand-chose de la vie sur les hauts plateaux tibétains, je commence à connaître un peu les îles du Pacifique. La sauvegarde et le respect de la culture des autres, parlons-en! Parlons-en, parce qu'on n'entend jamais parler du génocide culturel perpétré par les missionnaires dans cette région.
Bien sûr, les religions en général et la religion chrétienne en particulier se sont rendues coupables de la destruction de nombreuses cultures de par le monde. Déjà, il y a deux milles ans sur le sol européen existaient d'autres cultures. Mais c'est une histoire tellement ancienne et bien accomplie qu'on ne se souvient même plus qu'il y ait autre chose avant. Il y a quelque siècles les cultures formidables des Mayas, Inca, Aztèques et autre indiens ont étaient anéanties. Depuis la culture "occidentale" c'est incrustée et l'église fait partie du paysage, des villes et villages mexicaines par exemple, comme si elle a toujours était là.
La destruction des cultures océaniennes est plus récente et pas encore achevé.
Au Vanuatu les premiers missionnaires ont débarqué en 1839, sur l'île d'Eromango. Une île couverte de forêts de bois de santal, très prisé par les marchands de l'époque. Ils se sont fait bouffé par les eromangais. Le hasard a voulu que les années suivantes des épidémies ont décimée la population de l'île. Encore plus tard ils se sont faits expliqué qu'il s'agissait d'une punition divine. Aujourd'hui les habitants d'Eromango sont extrêmement pieux. Et il n'y a plus de santal sur l'île.
Pour le coup suivant les missionnaires se sont pris autrement. En 1845 quatre évangélistes, mélanésiens originaires des îles Samoa, ont débarqué sur l'île d'Erakor, dans la baie de même nom de l'île d'Efaté. Ils ont réussi! Au prix de grands sacrifices pour eux même aussi. A côté de la tombe de Mme Mackenzie, par exemple, il y a la tombe de ses trois bébés. Malaria?
Par hasard on était à Erakor le premier mai quand une foule endimanchée, accompagnée par des écoliers, venaient rendre hommage au premiers missionnaires. Pour moi, comme je disais, ce sont des bourreaux culturels. Mais bon, ils avaient gagné.
Contrairement
aux sacrifices des missionnaires, lesquels étaient
volontaires, les mélanésiens n'avaient rien demandé
à personne. Pourtant ils ont morflé. Les allogènes
ont détruit leur monde et imposé tous: de Jésus,
en passant par les vêtements jusqu'a la "position du
missionnaire". Les vêtements, par exemple. Les autochtones
étaient presque nus, les femmes portant des jupes
végétales et les hommes des kotekas.
Ils se sont vu imposé des tee-shirts et shorts, donné
par les humanitaires, pour les
hommes et de boubous, les mêmes dans toute l'Océanie et
en Afrique, pour les femmes. Et on ne leurs a pas appris ni de les
fabriquer ni de les laver. C'est
ainsi qu'aujourd'hui on peut faire des photos avec deux femmes: la
vahiné (presque) entchadorée et la compatriote du
missionnaire dénudée. Et je n'ai pas eu l'occasion de
faire le même genre de photo sur une plage!
Les
jeudis soirs, au restaurant du ressort d'Erakor il y a soirée
mélanésienne. Des indigènes, présentés
comme venant d'un village d'Efaté, viennent présenter
des denses locales. Bon, on a tous assisté à des
spectacles folkloriques. Ici j'ai trouvé ça triste à
pleurer et même qu'on a eu droit a une dégustation de
kawa. Voir ces gens danser
m'a dégouté. Je ne sais pas pourquoi. Parce que j'en ai
vu de vrais danses à Ambrym, ou parce qu'on leurs manquait du
respect en mangeant pendant leur show?
Tiens, est-ce qu'il y a des missionnaires au Tibet?