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   17 octobre.

    Cette journée est le tournant du voyage : de gros problèmes et beaucoup de chance.

    Estimant que nous sommes dans le temps, nous avons décidé de visiter le parc de Mahongo à la frontière de Botswana. Il est conseillé dans le roadBook et nous voulions voir ce parc pas trop touristique. MyNomade nous avait guidé jusqu'au l'entrée. La carte que j'ai eu à la accueil était plus que rudimentaire. Une sorte de polycopié fait à la main. Je ne me suis inquiété plus que ça, vu le peu de temps que nous voulions y rester. J'ai vite décidé d'aller jusqu'au plan d'eau à droite, Thingvierengwere, et de revenir. C'est à gauche sur la carte. La piste de 10km est sablonneuse mais passable.

    Le plan d'eau, presque entièrement asséché, est dans une clairière. Aucune signalisation, on a du mal à distinguer les pistes. J'ai trouvé une et je me suis engagé, c'était vers 13h30. Les heures que je donne sont selon les métadonnées de mes photos. Rapidement nous nous sommes trouvés à longer la barrière électrique du parc, elle était effondrée. Les barres rayaient la carrosserie, j'espérais qu'elles sont en plastique et qu'elles ne laisseront pas trop de rayures. Il n'y avait pas de choix, le sol était très sablonneux et la route de plus en plus sans fin. Vera n'arrêtait pas de me dire que je conduis trop à droite et que je raye de son côté. On est arrivé à un virage en angle droit de la piste et de la barrière, avec un portail cadenassé. Au bout d'un moment je me suis arrêté et j'ai pris le téléphone satellite. J'ai appelé Mathieu, le correspondant de l'agence de voyage, à Windhoek. Il m'avait suggéré de rebrousser chemin. Ça se trouve il y a encore une centaine de kilomètres devant. A contre cœur j'ai acquiescé et nous sommes repartis dans l'autre sens . Au point d'eau j'ai vu une borne kilométrique muette, aucune indication sur les quatre côtés. Au point d'eau les singes étaient toujours présents, la reste de la faune a changé.

    Il était 15h30 mais notre errance n'était pas finie. En sortant du parc j'ai activé le GPS de MyNomade. Pendant une demi-heure il nous a baladé dans le village et aux alentours pour finir par nous faire revenir à la porte d'entrée du parc. Allant me renseigner au post j'ai compris, j'ai appris, que la route vers la frontière traverse le parc !

    Une fois rentré en France, en examinant attentivement la carte j'ai pu comprendre.

    Donc, si mon interprétation à posteriori est juste, il fallait continuer le long de la barrière. Quelle belle surprise nous aurions eu de retrouver le poste frontière au bout. Ce n'était que la première mésaventure de la journée. Nous ne savions pas que deux autres nous attendaient.

    Après le passage de la frontière il nous restait encore une centaine de kilomètres, nous étions un peu juste avec le temps. La route droite est dégagée et je roulais assez vite. Je disais déjà qu'il y a des animaux sur la route. Il est arrivé que je n'ai pas pu éviter une chèvre qui traversé et s'est brusquement arrêté au milieu de la route. Il n'y avait personne autour, je ne me suis pas arrêté. Dans le cas contraire ça aurait été compliqué et de toute façon j'aurais perdu encore plus de temps. Plus tard, en arrivant au lodge j'ai prévenu la gérante. Elle m'avait dit que je ne suis pas le premier, si quelqu'un se présente, avec preuve que c'est nous, c'est dans 100 euros. Mais nous ne sommes pas encore là, au lodge.

    Je savais que la route d'accès au lodge est difficile parce que très sablonneuse, accessible uniquement en 4x4. Je me suis engagé et ce que devait arriver est arrivé, juste au moment de la tombée de la nuit. La voiture s'est ensablée ! Armée de ma lampe frontale j'ai d'abord essayé avec la pelle. Le sable s'avéré aussi visqueux que l'eau. J'ai pris le téléphone satellite et j'essayé d'appeler le lodge pour qu'ils m'envoie quelqu'un au secours. Le numéro que j'avais dans la roadBook était faux. Ou c'est moi qui a mal tapé. J'ai appelé Mathieu, il m'avait dit qu'il va les prévenir. Pendant que je m'occupais du téléphone des feux de phares sont apparus, un tracteur s'approchait venant des silhouettes lointaines de maisons d'un village. Deux garçons nous proposaient de nous tirer d'affaire. J'ai hésité à accepter, je me disais que l'aide du lodge viendra aussi et je n'étais pas sûr qu'ils sachent procéder proprement. Le tracteur a toussé et ils ont déclaré que leur batterie est morte et sont partie, à pied, chercher une autre. Ils sont revenus à trois avec une batterie et sans me demander l'avis ont accroché la voiture. Pour trouver l'attache il fallait qu'ils creusent le sable sous la voiture. Ils nous avaient dégagé en un quart de tour. Je leur ai demandé combien je leurs dois, ils ont dit "What do you want". Je leur ai donné 5$ à chacun, ils avaient l'air de ne pas connaitre la valeur des billets. Je veux dire que j'ai conclu qu'ils ne désensablent pas des gens souvent.

    Ils m'avaient dit que le lodge est à 13 kilomètres, et moi qui croyait qu'on y est presque. C'était une demi-heure assez stressante. Dans la nuit les phares éclairent la piste sablonneuse qui se divise en plusieurs lesquelles se rejoignent ensuite mais on n'est jamais sûre qu'on soit toujours sur la bonne et qu'il n'y aura de nouveau du sable épais. De temps en temps je suis rassuré, un bout de carton accroché à un arbre : "Guma Lagooon -> ". On y est arrivé à 9h, juste à la fin de service du dîner. J'ai dit à la gérante qu'elle peut rappeler celui qui est parti à notre recherche mais elle ne s'est pas précipitée au téléphone. Je n'ai jamais su si quelqu'un est parti nous chercher.

    De toute évidence nous avons passé une très mauvaise nuit dans notre chalet romantique, en compagnie d'une petite souris. On envisageait sérieusement la possibilité d'interrompre le voyage à Maun, l'étape suivante.

    Heureusement nous n'étions pas pressés, il était prévu de rester deux nuits à Guma Lagoon.

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