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Philippines.

    Voyage de nuit sur un 747. Au petit matin, à l'approche de l'aéroport de Manille, les premiers paysages de rizières. L'avion était bondé d'ouvriers philippins qui rentraient, peut-être d'Arabie Saoudite et qui étaient attendus d'une foule de proches. A la douane Vera était sidérée de s'apercevoir comment les passagers glissaient discrètement des billets au douaniers pour qu'ils ne regardent pas les bagages.

    Dehors, les premiers jeepneys. A la fin de la guerre les Américains ont abandonné des centaines de jeeps que les locaux ont transformées pour le transport en commun. Depuis ils les construisent localement. Toujours sacrement colorés et décorées aux gadgets en chrome, ils sont devenus le principal composant du transport en commun du pays. Ils ont des trajets fixes mais des arrêts à la demande. Les passagers s'entassent dans la partie arrière et à plusieurs à côté du chauffeur qui zigzag dans les embouteillages et gère la caisse. En montant, les passagers font passer le prix de la course de main en main jusqu'au chauffeur qui vérifie et rend la monnaie tout en conduisant. Pour descendre il suffit de frapper sur le toit. On apprendra vite que les jeepneys sont beaucoup plus agréable à voir que de le pratiquer, il fait horriblement chaud dedans.

    Juste à côté de l'aéroport ce trouve le Village Philippin. Un ensemble de maisons de différents coins du pays. Il y avait même un volcan reconstitué. Fatigués après une nuit de vol on avait du mal à profiter de la présentation. J'ai beaucoup apprécié la noix de coco à boire. Très frais ! Ça faisait du bien par cette chaleur. Toute comptes fait, on aurait pu se passer. Il y avait aussi un aquarium, nous avions modérément profité. Je n'étais pas encore plongeur et passionné de la vie sous-marine. Je n'ai même pas fait de photos. Et mon sombrero ? J'en ai aucun souvenir où je l'ai acheté et qu'est-ce qu'il est devenu.

    Le lendemain départ pour le volcan Taal. A la gare routière les bus partent une fois suffisamment remplis. Comme les jeepneys, les buses sont aussi des œuvres d'art populaire. Ils sont tellement remplis que le conducteur n'est pas assis, comme partout ailleurs, derrière le volant mes complètement collé à la portière de gauche pour prendre un maximum de passagers à côté de lui. Dès que les passagers entrent le contrôleur distribue d'abord des tickets et encaisse ensuite. En cas de contrôle, et on a vu plus d'une fois, il n'a pas l'intérêt qu'on trouve des personnes sans tickets dans le bus. Le trajet lui-même est une autre histoire. D'abord, coincés dans les embouteillages on était impatient de sortir sur la route. D'abord il a zigzaguait dans la banlieue et ensuite, sur la grande route un autre problème : ils conduisent à tombeau ouvert. Alors on est scotché à nos sièges, voyant l'état du tableau de bord et l'état de toutes les manettes. Encore mieux : à un moment donnée le bus a fait un détour et fait dans un village, je suppose que le chauffeur et passé chez lui.

    Le volcan Taal est à une soixantaine de kilomètres au sud de Manille. C'est un site assez exceptionnel : un volcan dans un lac, avec un lac dans le cratère. Et sur place nous n'avions pas vu qu'il y a une île, Vulcan Point, dans le lac du cratère. Des vraies poupées russes. A vrai dire, sur place rien de spéciale. A partir de la terrasse d'un hôtel on voit l'île du volcan, et c'est tout. Beaucoup plus tard, en 2020, il y avait une importante éruption avec des activités volcaniques en 2021 et en 2022. J'ai cru comprendre que l'éruption a eu lieu dans le cratère principal et que la petite île est toujours là. Nous avions donc vite fait le tour et repris le bus pour Manille et immédiatement pris un autre à destination de Pagsanjan. Tout était nouveau pour nous : les riziers, les paysages aux palmiers, les noix de coco sur le cocotier, les bananes sur le bananier.

    Le site des rapides de Pagsanjan est connu comme lieu de tournage des séquences les plus fantastiques du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola. Arrivé à l'hôtel en fin de journée on s'est vite senti immergé dans les scènes d'angoisse du film. En observant les abords, avec le fleuve, la végétation, j'ai pensé à la guerre de Vietnam. Avec les soldats américains à ma place observant les allées et venues des hommes et des ombres qui apparaissent et disparaissent dans le décor de paille. Comment distinguer les amis des ennemis ? À tout moment quelqu'un pourrait envoyer une bombe. Il faisait déjà nuit quand on s'est attablé dans le restaurant, sur cette terrasse qui surplombe la rivière. L'atmosphère était mystérieuse avec seulement une autre table occupée. Un moment Vera a poussé un cri d'épouvante quand elle a par hasard levée la tête et découvert des dizaines de geckos sur le plafond. On ne connaissait pas la bestiole à l'époque, elle craignait qu'elles nous tombent sur la tête. Une fois dans la chambre, où il y avait un geckos aussi, quelqu'un a frappé à la porte. Un jeune homme nous a annoncé : "I am your boatman for tomorow !" On était tellement surpris qu'on a acquiescé sans poser des questions. Il nous a donné rendez-vous tôt le matin. Par contre un autre dilemme : quoi faire des papiers ? Passeports, billets d'avions, cartes de crédit, cash. On n'avait pas confiance à les laisser dans la chambre. Une seule solution : bien enveloppés en plastique, tout le bazar c'est retrouvé dans la culotte de Vera.

    Vers six heures du matin, après le petit-déjeuner , on a retrouvé notre boatman. Ils étaient deux piroguiers, et la pirogue au bord du fleuve en bas de l'hôtel. Nous étions seuls à partir. Ils nous avaient installé au milieu et eux deux, un devant et un derrière, ils pagayaient. L'excursion consiste à remonter les rapides jusqu'au chute de Cavinti. Au début le fleuve est calme, entouré de collines à végétation dense et des familles qui lavent leur linge sur les berges. Rapidement le cours d'eau se rétrécit et nous rentrons dans un canyon. Nous découvrons que ce n'est pas la saison des grandes eaux. Dès fois les piroguiers sortent et nous poussent. Il y a des endroits où ils ont installé des travers et nous remontons à sec. Toujours dans entourés de la forêt vierge mystérieuse et impénétrable. Au bout de notre trajet il y a la cascade, assez haute. Avec un radeau on peut passer sous le rideau d'eau. Je suis allé, avec la peur au ventre, je craignais qu'une noix de coco ou autre chose charrié par le ruisseau me tombe sur la tête. Tout s'est bien passé. Vera n'est pas allée, déjà à cause du trésor dans sa culotte.

Sur le retour on a croisé de plus en plus de pirogues qui remontaient la rivière. Sur la fin, dans la partie large et tranquille, il y avait même des convois : une pirogue à moteur qui remorquait trois ou quatre dans le sillage. Avec beaucoup de dames américaines massives. Les busses des excursions à la journée de Manille avaient déversé leurs cargaisons de touristes. Quel contraste : allé dans une contrée vierge et sauvage, on est retour dans le Disneyland. Plus tard, une fois développé les photos, je me suis rendu compte que j'ai pris que du dos le premier boatman et pas du tout le deuxième. Nous, on a pris nos sacs à dos et rentré à Manille.

    A Manille, à notre demande au taxi de nous amener dans un bon hôtel, on s'est retrouvé au Silahis, un hôtel à plusieurs étoiles . Poussiéreux et avec la transpiration asséchée, j'avais l'impression que le réceptionniste avait demandé au taxi qui déposait nos affaires : "Tu nous les ramènes d'où ces deux-là ?" On a eu une belle chambre avec vue sur le bord de mer et le nouveau cartier d'affaire pris dans la mer. Pour la première fois, depuis le départ, nous avions appelé la famille à la maison. Une conversation de trois minutes ! Belle chambre mais on n'était pas seuls. Pendant la nuit on était réveillé par une sourie qui courait. Hôtel étoilé avec des souris, ça ne va pas ! On a fait un scandale, ils sont venus et l'avaient attrapé. A la main, avec de la colle. Un procédé de l'époque : il fallait confirmer le vol suivant 48 heures en avance.

    L'étape suivante c'était Banaue, les 200 km2 de rizières en terrasses, dans le Nord du Luzon. Encore une anecdote du voyageur néophyte : j'ai demandé à la réception s'il y a des voyages organisés. Plus tard, dans la chambre, le coup de téléphone pour me dire qu'ils ont trouvé une voiture avec chauffeur. A ma question de combien ça coûte, nous avions cette échange : "Two twenty." "???" "Two twenty." "Two twenty, what ?" "Dollars." " Two dollars twenty cents ?" " No. Two hundreds twenty dollars." Je ne me souviens plus si l'hôtel était compris mais c'était trop cher pour nous. On est parti en bus, 400 km pour une journée entière de voyage. Lors du trajet l'habitat le long de la route évolue vers des cases en paille.

    Sur le trajet j'ai eu une petit leçon sur le commerce dans les pays exotiques. On achetait régulièrement des Cocas dans les échoppes. Lors d'un arrêt j'ai demandé deux à un vendeur, pour la première fois sans demander le prix auparavant. J'ai dû payer le double qu'auparavent.

    La région est la terre des Ifugaos, redoutables chasseurs de têtes d'antan devenus attraction touristique. Nous nous sommes installés au Banaue Hôtel , un établissement confortable à des années-lumière des cabanes des indigènes. Des deux extrémités de la piscine, des Français fulminaient : "Tu sais pourquoi je me suis expatrié ? A cause des impôts ! Y a trop d'impôts en France." Sur la façade de l'hôtel, encore pour la première fois, nous avions vu des orchidées pousser dans la nature, sur des morceaux de bois.

    Les rizières son partout sur les versants des collines autour de nous . Le village typique est juste à côté de l'hôtel au bout d'un chemin. Les cabanes rudimentaires aux toits de chaume sont construites sur pilotis pour se protéger des rongeurs. Je ne sais pas si beaucoup des visiteurs remarquent que les habitant ne possèdent pas grand-chose.

    Le soir on avait le droit aux danses folkloriques. Le matin on est parti. J'ai un sac en plastique dans la main ? C'est un Bulul, notre premier objet d'art premier. Installé à côté de la porte d'entrée, il garde la maison. Sur le trajet de retour le bus, suite à une crevaison, s'arrête chez un garagiste pour plus d'une demi-heure. Le bus et repartie et après quelques centaines de mètres c'est arrêté à la station règlementaire. Pour mon grand étonnement un couple est sorti ! Je n'ai jamais compris pourquoi il attendait autan, ils n'avaient pas de bagages.

    Dernière journée à Manille. D'abord un tour au Rizal Park. Devant le monument de José Rizal, héros national, les touristes japonais se font prendre en photo avec le fusil du garde. C'est la veille de Paques. Les Philippins son connus pour leurs cérémonies da flagellations et sacrifices. On peut apercevoir des dévots solitaires porter la croix. Dans une procession des jeunes nous avaient abordé. D'où vous venez, comment vous vous appelez ... Ils nous avaient proposé de nous montrer le cimetière Chinois. Ça tombe bien, on avait prévu d'y aller.

    Le cimetière chinois est assez étrange, pour nous. C'est une petite ville. Il y a des palais, la plupart des tombes sont de petits maisonnettes, avec beaucoup de marbre. Le plus souvent une pièce, mais aussi des fois avec des salles d'eau. A l'occasions de fêtes la famille vienne avec des repas. D'habitude c'est pour des couples, souvent il y a qu'un seul époux, la place de l'autre est prête.

    J'avais un invraisemblable échange avec un des jeunes : "Il sont enterrés où les chinois pauvres ?" "Il y a des Chinois pauvres, chez vous ?" "Il n'y a pas de Chinois chez nous." J'étais (que) Yougoslave à ce moment. "Il n'y a pas ?" "Non.", "Pas un seul ?" "Je ne sais pas, peut-être un." Il était scié !

    Il nous ait arriver une sorte d'incident avec ces jeunes qui me hante toujours. En bavardant pendant la visite du cimetière ils nous avaient invité chez eux. Pourquoi pas, c'est intéressant de voir comment ils vivent les locaux. Sur le chemin un d'eux m'avais dit qu'il voudrait me donnais une lettre pour sa copine qui travaille à Tokyo. Je leurs ais déjà dis qu'on partira demain pour le Japon. On est arrivé dans un quartier populaire. On a commencé à se méfier, où ils nous emmènent ? Une maison modeste, en bois. Par un escalier intérieur on monte à l'étage. On a du croisé de jeunes femmes aussi, je ne me souviens plus très bien. Ils nous disent que les femmes préparent le repas. Quelqu'un a fermé la porte, par laquelle on voyait la rue au bout de l'escalier. Vera a demandé qu'ils la laissent ouverte. Pourquoi ? Pour le courent d'air, il fait chaud. Quelqu'un a apporté un ventilateur. Vera commence à paniquer. Je leur dis qu'il faut qu'on part. Pourquoi ? Ma femme se sent mal. Mais non ! Mais si ! Ils ont apporté la lettre. On est parti. Ils étaient vexés. Au pas de la porte : "Là, au bout de la rue vous trouverais un jeepney !" Arrivé à Tokyo, j'ai timbré et envoyé la lettre. Pourquoi il me l'avait donné ? Il ne pensait quand même pas que j'irais la porter personnellement ? Il aurait pu la timbrer à Manille. Enfin ... Même sur place j'étais sûr et plus tard je suis encore plus conscient que s'était en grand malentendu. On les avait offensés ! Je m'en veux toujours.

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