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Sinaï

    Côté égyptienne, à une petite centaine de mètres après la frontière, on a récupéré la voiture de location à l'hôtel Hilton. Une pick-up. Et c'est parti vers le sud. Les paysages sont éblouissants. C'est de l’irréel. On fonce vers le monastère de Sainte-Catherine, au cœur du Sinaï. A l'arrivée une déception : il est juste midi passé, le monastère est fermé. Nous décidons d'y passer la nuit pour le visiter le lendemain matin. Il y a des chambres à louer. Ça a de la gueule, de passer une nuit dans ce lieux biblique. Nous avons tout un après-midi à flâner autour.

    Le soir, avec un groupe de touristes, je monte sur le Mont Moïse pour voir le coucher du soleil. C’est ici que Moïse, selon la légende, a reçu les Dix commandements. Sauf que les théologiens juifs identifient une dizaine d'endroits dans la région où ça a pu se passer. C'est beaucoup moins précis que la grotte de Nativité. L'excursion est agréable, les paysages splendides, le couché décevante.

La descente se fait en pleine nuit, évidement. Moi je n'avais pas de lampe torche, je me suis callé sur les autres. La nuit faisait extrêmement froid. Heureusement qu'on était deux dans le lit, pour se tenir chaud. Le matin le thé chaud était très apprécié.

    Nous avons visité le monastère à l'ouverture. A l'entrée est exposé l'édit, si on peut ainsi dire, du prophète Mohamed qui le met sous sa protection. Ceci explique qu'en quatorze siècles d'existence le monastère ne jamais était pillé. Il conserve une bibliothèque et des objets très anciennes. Une grosse déception : une partie infime est visitable. Uniquement la petite cour avec le puit de Moise, le buisson ardant et l'église. J'étais fasciné par l'église. La lumière, le silence, entouré des objets pluriséculaires. Dommage que s’est interdit de prendre des photos. Et dommage qu'on ne peut pas voir le reste : la bibliothèque et autres trésors, les bâtiments.

    Juste avant de partir les cars de touristes, des locaux, ont commencé à arriver. Une foule bruyante a envahi la cour et l'église. La différence entre le lieu authentique et lieu touristique est stupéfiante. Dans l'église ils s'appelaient d'un bout à l'autre, comme au marché. La magie des lieux était complétement rompue.

    Encore des paysages magnifiques sur la route vers le Sud, avec les inévitables checkpoints de l'armée :

        Arrivée sur la pointe de la péninsule on a découvert une région touristique en plein essor. On a choisi l'hôtel Furati. Je me rappel bien du nom, j'ai emporté une de leurs serviettes laquelle m'accompagnait pendant des années sur mes séjours de plongée. Sur la terrasse on a demandé où on est. Le serveur est parti se renseigner et au retour nous avait dit : Naama ! Je veux dire que tout était neuf, y compris le personnel qui ne savait même pas où ils se trouvaient. La ville, nouvellement prospère, de Charm el-Cheikh était derrière le rocher dit "La tête de Kennedy". Cet fois nous ne sommes pas allé plus loin. Je ne connaissais même pas l'existence de Ras Muhamed.

     Au hasard on a pris un chemin de terre vers un endroit indiqué comme Shark Bay. C'était une plage, presque déserte. En préparant le voyage j'avais lu qu'il est possible de se baigner même en hiver. Je ne comprenais pas, il faisait froid. Je suis allé et j'ai compris. L'eau est plus chaude que l'air, se tremper est très agréable tant qu'on est complètement immergé. Beaucoup plus tard j'ai découvert sur une des photos qu'il y avait des plongeurs sur place. Et c'était la première fois que j'ai vu un héron. Héron ou aigrette, je n'en sais rien. Dans mes notés le volatile est marqué comme cigogne.

    Sur la route de retour, au bord de la mer il y avait plusieurs hôtels en construction. J'ai dit à Vera qu'il faut revenir rapidement, bientôt peut-être les islamistes arriveront au pouvoir et il ne sera plus possible de visiter sinon ça va devenir une usine à touristes. Heureusement qu'on est revenu à la fin de la même année. Pour une fois je me suis fait prophète, ce qui n'est pas anormal vu l'endroit. En effet, les islamistes se sont implantés mais ils n'ont pas empêché le développement touristique à l'outrance. Double peine.

    A quelques kilomètres de Taba, à 200 mètres de la côte on longe le romantique Saladin Island chapoté d'une petite forteresse. C'est attrayant mais on n'a pas le temps d'essayer à le visiter.

Nous avions passé trois jours/deux nuits dans le Sinaï.

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