Laguna San Ignacio
Les baleines grises descendent, de l'Arctique, vers les côtes de Baja pour mettre au monde leurs petits, entre décembre et avril. La spécificité de la Laguna San Ignacio est que les baleines ici sont très friendly. Elles laissent s'approcher, et même elles acceptent qu'on les touche. C'est ce qu'on entend dire.
Déjà,
ce n'est pas facile
d'y aller.
La petite ville de San Ignacio est un endroit du bout du monde, mais
sur le transpeninsular. Ensuite il y a 70kms de route non goudronnée. En
ville, dans l'agence Kuyima, recommandée dans la littérature du web la
fille ne connaît pas un seul mot d'anglais. Un mec qui se trouve là par hasard
nous aide à nous comprendre. Elle appelle, par radio inaudible, sur place et
me réserve le whale watching pour le lendemain, 10 h.
Il faut demander Carlos.
San Ignacio est une oasis, avec un étang et des palmiers dattiers, la récolte est en août. L'église, sur la place centrale, est disproportionnée, par rapport aux autres bâtisses. Enorme.
Il faut deux heures pour
parcourir les 70kms, sur la route poussiéreuse, on se croit dans une machine à
laver. Je m'attendais à voir le lagon, du haut d'un col, comme un fjord. Et
non, c'est dans une immense pleine. Quelques campements et rien d'autre. Inquiet
pour la route, j'étais partie de bonne heure et j'ai deux heures d'avance. Je
profite pour faire une petite traversée du désert, à pied. Parmi les buissons
on voit plain de traces de coyotes, mais je n'ai pas vu une seule bête. Des
centaines de tas de coquillages. Carlos, le gros barbu sympa, m'expliquera après
qu'il y avait avant une usine, qui a fait de gros dégâts. Maintenant la zone
est protégée. Par exemple le nombre de pangas, barques pour huit personnes, ne
peut pas dépasser 18, en même temps dans la zone d'observation. Plus le bateau
d'une agence américaine. La navigation est interdite dans le lagon pendant la
saison des baleines.
On part à quatre. Couco,
le pilote, nous dit qu'il y a actuellement 80 baleines dans le lagon, sur le
maximum de 120 d'il y a quelques semaines. Eh bien, elles sont vraiment friendly.
J'en ai vu au moins une vingtaine. Elles ne restent pas longtemps en plongée.
Quand on en voit une, c'est toujours une mère avec son bébé, on s'approche
doucement à une cinquantaine de mètres. Ensuite c'est à elle de choisir, soit
elle nous ignore soit elle vient. Elles plongent juste sous la surface de la mer
verdâtre de plancton. On voit leurs grosses ombres qui s'approchent et alors
soit elles passent sous la barque, soit elles font surface juste à côté. Par
trois fois le bébé, toujours différent, est sorti aussi près qu'on puisse le
toucher, la mère près de lui, de l'autre côté. J'avais l'impression que c'est
elle qui l'encourageait. Fière de nous le montrer? Et que lui il cherché bien le
câlin. Voilà un très court
et deux autres, un peu plus longs
, ou de
. Et encore un:
.
La rencontre ne dure pas plus de trois secondes, pour nous c'est pourtant une sensation extraordinaire. Et pour elles? Je me demande comment elles nous perçoivent? Si on fait un petit calcul mental, on se rende compte que durant leurs séjours dans le lagon, chaque baleine, en moyenne, voit de près les humains environs une fois par jour. Une centaine de fois au total. La visibilité dans l'eau est mauvaise, en plongée elles doivent nous localiser avec leur sonar. En surface elles voient des silhouettes qui s'agitent avec leurs cameras. Savent-elles qu'on est passé au numérique? Est-ce qu'elles comprennent que les cris qu'elles entendent sont des cris de joie?
C'est touchant de se rendre compte que concernant les baleines on parle de la maman et du bébé. On n'utilise pas ce vocabulaire pour les vaches.
Avec mes compagnons da whale watching on s'offre un déjeuner sur
place, du sea-bass. Du poisson frais, du Pacifico (bière) bien fraîche et quel
cadre, mais on ne peut pas s'attarder. Eux, c'est Rob et ses parents. Il les a
amenés leur montrer les baleines, en avion privé. Ils doivent rentrer à San
Diego pour dîner. Moi, je vais dîner à Mulege, à quatre heures de route.