Patagonie                                                El Calafate

 

Ushuaïa, fin du monde.

 

    Apres une heure et demie de vol pour Barcelone, quatorze heures pour Buenos Aires et quatre heures et demie de plus, (sans compter le temps des correspondances), l'avion sort des nuages et manœuvre au-dessus du Canal de Beagle. Impatient de voir apparaître la ville mythique du bout du monde je m'imagine les explorateurs d'antan cherchant le passage entre l'Atlantique et le Pacifique. Magellan est passé plus au Nord, par le passage qui porte son nom. L'image est encadrée par les montagnes lointaines aux sommets enneigés. On a beau être prévenu, on est bien venu pour ça, cependant on reste bouche bée devant les paysages grandioses de Patagonie. En plus ici, en Terre de Feu, on est au bout du monde. Derrière les montagnes, vers le Sud jusqu'au le Pole (à 3900 kms) et au-delà il n'y a plus de présence humaine, à quelques unités près. Vers l'Ouest pareil, plus loin c'est le Pacifique. Vers l'Est l'Atlantique est tout près. Vers le Nord les premiers peuplements importants sont à plusieurs centaines de kilomètres.

    A Ushuaïa il y a d'abord le port où tout visiteur vient flâner et observer les bateaux. On ne peut pas s'empêcher à rêver de partir soit vers l'Antarctique, soit dans les canaux de Terre de Feu ou encore embarquer sur un voilier vers la Polynésie. On a croisé un israélien hilare qui venait de débarquer du bateau scientifique russe après avoir fait une croisière vers l'Antarctique et les Malvinas, comme passager. Au bout du port, des centaines de containers sont stockés, dont beaucoup réfrigérés. On se demande s'ils ne servent pas comme des entrepôts.

    La ville s'étend sur le flanc de la montagne. Les rues pentues sont encore plus impressionnantes, et donc plus difficiles à gravir, que celles de San Francisco. Un phénomène amusant: les poubelles anti-chats-et-chiens en forme de cages. Elles sont les mêmes partout en Argentine. L'architecture chaotique amplifie une forme d'excitation qu'on récent de se trouver au bout du monde, dans cette ville unique. Fin del Mundo, qu'ils disent. Fin du monde géographique bien sûr, mais fin du monde quand même.

    Il y a une seule rue commerçante, animée, avec des magasins de souvenirs, avec beaucoup de monde les samedis.

    Pour manger, on est allé chez l'incontournable Volver, déguster du crabe géant de l'Antarctique. C'était bon, quoique un peu décevant: le crabe n'est pas servie en entier. Par contre, on s'est régalé au Ramos Generales, un restaurant-épicerie à l'ancienne. C'était là-bas que j'ai bu mon premier maté. Même si le mauvais goût l'emportait parfois, je pense au signalement des toilettes:

Question nourriture, à Ushuaïa et partout en Argentine, il n'est pas facile de trouver de fruits et légumes. Partout, dans les markets, le rayon boissons et beaucoup plus grand et plus fourni.

    On a fait deux excursions, deux classiques d ’Ushuaïa:

    Navigation sur le Canal de Beagle. Il y a plusieurs agences dans le port, elles font toutes le même circuit: le phare de l’Éclaireur, qui se trouve à une quinzaine de kilomètres, et les îlots pour voir les animaux. On a pris une au hasard. Un bateau petit, à la taille humaine, avec une vingtaine de touristes. Au cours de la journée on n'avait croisé qu'un seul, plus grand.

    Je ressens toujours une sorte de fascination quand le bateau, petit ou grand, quitte le port et se dirige vers le large. On avait de la chance, la mer était calme. Au début le ciel était couvert, peu à peu il s'est éclairci. En aller on avait rencontré une baleine, furtivement, pas prévu au programme. Les îlots se sont des rochers, ce qui permet au bateau à se rapprocher très près, à environs trois mètres.

    Sur les rochers il y a des oiseaux, surtout des milliers de cormorans royaux (au cou blanc) et des cormorans de Magellan (au cou noir). On a dû être en pleine saison: il y avait même des petits. Le guide ne nous avait pas attiré l'attention, j'ai les ai retrouvais sur mes photos (la même agrandie). Au large on a vu une volée d'une centaine d'albatros. Dont, peut-être, celui de Bernard et Bianca.

   

   

    Il y aussi des colonies des otaries, qu'on appelle ici des loups de mer. En effets il y a plusieurs sortes. Dont certains assez bizarres.

    Sur le retour on fait une petite promenade sur l'île Bridges, pour voir les restes archéologiques, la végétation locale et se dégourdir les jambes. L'archéologie? Des petits cercles désherbées qui étaient des places de campements des indiens. Ils étaient nomades, plantaient leur tente pas loin de la mer. Les endroits étaient identifiés aussi par les restes d'ossements de poissons et d'oiseaux, leur nourriture. On a aussi croisé un couple de rapaces lesquels, le guide nous avait expliqué, attaquent les cormorans et leur ôtent les œufs.

    Isla Pinguinera, l'île aux manchots, au large de L'Estancia Haberton, était la deuxième excursion d'un long après-midi. Au bout d'une heure et demie de route sur un bus tout-terrain (avec un arrêt sur la crête pour voir les arbres couchés par le vent et des beaux paysages) on arrive à L'Estancia. De là un gros Zodiac nous amène sur l'île Martillo . En 1995 deux à trois couples de pingouins de Magellan sont arrivés et se sont plu. Pas de prédateurs, les sardines sont à 30 kilomètres, à la sortie du canal, dans l'Atlantique. 30 kilomètres pour aller chercher la nourriture c'est pas loin pour les manchots. Ils sont plus de 700 actuellement. On s'est promené parmi eux dans une zone délimitée. Sur la plage certains sont debout, d'autres couchés. Sur terre certains gueulaient, la tête vers le haut, d'autres creusaient des terriers.

    Au retour n s'est arrêtés à l'Estancia Haberton. Elle était créée en 1886, par le missionner Thomas Bridges, le premier européen à s'être installé en Terre du Feux. On nous a fait visiter le petit musée avec des squelettes des animaux  Oui, c'est intéressent de voir le pingouin de Magellan en rayons X. Et d'apprendre que certains mammifères marins on de dents, d'autres que six et encore d'autres pas du tout. On n'a pas visité l'Estancia, on c'est seulement rendu compte que les hivers sont rudes. Et notre excursion fatigante.

    Sur l'autre rive du Canal de Beagle s'est le Chili. Et le village de Puerto Wiliams , qui dispute à Ushuaïa le titre de la cité la plus australe. Sauf que s'est un village, pas une ville. L'intérêt de Puerto Wiliams c'est que c'est là qu'on trouve les derniers indiens Yamana. On n'y est pas allé, pas possible. Le traversé était trop chère, environs un millier de dollars pour les deux et les horaires sont tels qu'il faut y passer la nuit. Donc on s'est rabattu sur le petit musée Yamana à Ushuaïa. Décevant. Quelques maquettes.

    Les Argentins n'arrivent pas à se consoler de la perte de la guerre des Malvines, il y a des monuments partout. Ici ils sont encore plus sensibles, l'archipel n'est pas très loin et il se trouve sur la route maritime. Donc ils ont construit une sorte de mémorial:

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