Ushuaia
Patagonie
Puerto Madryn
El Calafate, les glaciers.
L'étape suivante et incontournable en Patagonie est El Calafate, le point de départ pour les visites des glaciers. Ce sont les terminaisons d'une énorme masse de glace: Hielos Continentales, longue de 350 kilomètres. La plus grande partie et au Chili, mais la partie argentine est plus accessible.
Au début je prévoyais de faire le trajet en bus. Traverser la Terre de Feu et le Détroit de Magellan. S'immerger dans les paysages et l'immensité du territoire. Pas facile. Il y a douze heures jusqu'au Rio Gallegos et ensuite quatre heures le lendemain. On a finalement préféré l'avion. Trop long le voyage en bus, on en fera plus tard.
El Calafate est une petite ville touristique, fleurie et tranquille, qui s'est développé rapidement ces dernières années. Donc rue principale commerçante bordée de magasins de souvenirs, agences de voyages et restaurants. Les hôtels sont tout autour.
C'est
a El Calafate que j'avais attaqué les steaks argentins. Le restaurant
Rick's est une référence concernant le
sujet. Les viandes sont bons et copieux.
Contrairement de chez nous, ils ne lésinent pas sur la vende mais sur les
légumes.
Le
petit barbecue est une portion pour
deux. On l'a pas pris, Vera ne voulait pas autant de viande. Dans la rue parallèle il y avait un
buffet chinois. Comme tous les buffets
chinois, plus le barbaque. On se sert à volonté, la viande faut la demander au
cuistot. Il faut savoir quoi lui demander: polo, porco ou carne
de vacca. Autant de fois qu'on veut. J'ai pas pris du polo, je ne vais pas
manger du poulet en Argentine. Le porc et le bœuf étaient bons.
On vient dans la région pour voir les
glaciers
: Perito
Moreno, Upsala, Viedma. Le Parc National des Glaciers et à cheval sur le Chili et
l'Argentine. La partie argentine
et beaucoup plus accessible.
Le
glacier Perito Moreno
, du nom du
célèbre explorateur de Patagonie du XIX siècle, qui n'a jamais vu le glacier, se
trouve à environs 70 km de El Calafate. Déjà le trajet est une bonne introduction
dans l'immensité de la Patagonie.
L'excellente route, comme toutes qu'on avait emprunté en Argentine, traverse
d'abord la plaine. Les vautours se régalent des
lièvres écrasés par les voitures
pendant la nuit.
Ce glacier est assez unique. Il descend de la montagne et se jette dans Lago Argentino avec une vitesse de deux mètres par jour. Je suppose que cette vitesse impressionnante, pour un glacier, génère sa forme étonnante. Un mur, coupé au couteau, de 70 mètres de haut (plus 100 sous l'eau) et de cinq kilomètres de large.
L'émerveillement
commence dès qu'on l'aperçoit de loin, quand la carte postale devient réalité. Ensuite le spectacle est à partir de la
colline en face. Un réseau de
passerelles et escaliers métalliques permet aux nombreux visiteurs de l'observer
sous tous les angles et sans détériorer la nature ni se mettre en danger. Je dis
"spectacle" parce que c'est vraiment du spectacle. On entend des craquements
sans cesse, des bruits de chutes de glaces. Neuf fois sur dix on ne voit rien, ça se passe à l'intérieur, dans les crevasses. Des fois des morceaux du front
tombent avec fracas. Vu l'échelle, des morceaux de plusieurs centaines de kilos on l'air petits,
mais tombant de plusieurs de dizaines de mètres on est toujours surpris par
le vacarme provoqué. On est nombreux avec les
appareils photo à attendre les chutes. On appuie sur le déclencheur toujours
trop tard, sur les photos on ne verra que la surface de l'eau trouble avec des
morceaux de glace en cercles
concentriques.
On a passé des heures en attendant que le bloc, qu'on l'avait appelé la "Cathédrale", s'écroule. Dans l'après-midi, ensoleillé de surcroit, la glace ramollie et en se moment on espérait la voir s'effondrer. Peu à peu la base s'éboulait. On a abandonné vers 18h, il fallait partir. On ne saura jamais quand est-ce qu'elle a cédé! Quinze minutes plus tard, dans la nuit ou le lendemain. Ça a du faire un grand plouf!
Pendant que la Cathédrale
monopolisait toute notre attention, en pan aussi gros qu'elle c'est détachée du
flanc gauche. On avait entendu le bruit et on a vu un iceberg bleuâtre
s'éloigner lentement du mur blanc. Et un objet noir, comme un sous-marin, un peu
plus éloigné. Apparemment l'iceberg bleu
venait de la partie émergée et le noir,
qui était transparent en effet, de la partie submergée.
Le
lendemain on a fait une
superbe excursion à Estancia Cristina
et le glacier Upsala
. A partir du port de Puerto Bandera,
sous le soleil, le bateau nous amène
d'abord au pied du glacier. Pas seulement le point de vue, l'anatomie du glacier
et différente de Perito Moreno. Plus de parois verticales, celui-là s'écoule
dans le lac. Le bateau ne s'approche pas trop, on se méfie toujours des
icebergs,
d'un équilibre incertain et menaçant avec ses 9/10émes du volume qu'on ne voit
pas. L'imagination de la nature est infinie: comment cette
boule s'est-elle retrouvée là? Depuis
quand? Et ce trou?
Ensuite,
arrivée à l'Estancia, on monte dans des
4x4 et on part vers la partie haute du
glacier. On traverse des paysages splendides. De la
tourbe et des lacs, avec les sommets
enneigés au fond. L'air et sec. Le guide nous montre le flanc d'une colline avec des
troncs d'arbres couchés: il y avait un
incendie de forêt 80 ans auparavant. On voit ici notre premier
condor. C'est difficile de prendre la
photo. Le temps de viser et déclencher, il est disparu.
On débarque dans un paysage lunaire. Apres une quinzaine de minutes de marche on arrive au point de vue où le paysage explose devant nous. Juste derrière le lac le glacier, 50km de long et 13 de large, s'écoule de la droite vers la gauche. Avec deux effluents en face:
Contrairement à Perito Moreno, qui à l'air d'être en "bonne santé", Upsala recule. Depuis longtemps. Le guide prétendait que le glacier ne s'écoule pas, que la glace n'avance pas. Je ne suis pas sûr.
L'estancia
Cristina a était fondée en 1914, tout est récent en Argentine, par un certain
Joseph Percival Masters. Cristina c'est le nom de sa fille, décédée à 20 ans.
Faute de descendants la propriété est tombée dans le domaine public, il y a
quelques années. Aujourd'hui c'est un hôtel et musée dans le parc national, il
n'y a pas d'activités agricoles. On a fait un tour dans la grande salle de
tonte, avec la
presse à laine. C'était encore une
longue journée, fatigante.
On a passé une nuit de plus à El Calafate avant de prendre le bus pour le Nord.