Ile
aux serpents,
en Macédoine.
Et quelques mots sur le projet Skopje 2014
Ca
fait déjà trois ans qu'on passe des vacances d'été
avec notre petit fils Nael à Ohrid, en Macédoine. Pas
de bol cette année, il faisait pas beau. En deux semaines en
juillet, quand les poussin cigognes
s'apprêtent à quitter le nid, on n'a même pas eu
l'occasion de mettre les pieds dans l'eau. Même le jour où
on a fait du pédalo on
était surpris par une averse.
Alors on c'est rabattu sur les plaisirs de la bouche: du mais
grillé à la délicieuse truite
du lac, en passant par les fruits
du marché.
Personnellement je me suis offert deux escapades: la résidence de l'archevêché de l'autre côté du lac et l'ile aux serpents, sur le lac voisin de Prespa.
De
l'autre côté du lac donc, après la ville de
Struga et vers la frontière avec l'Albanie, j'avais fais une
halte dans le village de Radozda. Plusieurs panneaux indiquent des
directions vers des églises mais comment savoir s'il s'agit de
quelque chose d'authentique ou d'une nouvelle ou restaurée, en
plus belle et plus ancienne que l'originale? Celle de St. Arhangel
Mihail, creusée dans les roches
au dessus du village, visible de la route, m'a parue intéressante.
Me voyant regarder vers le haut, une dame m'avait demandé si
je veux la clé. J'ai
pris la clé, je suis monté et ca valait le coup.
L'église est petite, avec de très belles icônes.
Je
ne regrettais pas de l'avoir visité.
Quelques
ruines plus loin (villages
de vacances des CE de
l'époque communiste laissés à l'abandon,
il n'y a plus de subventions pour les vacances des travailleurs) on
arrive à la résidence de l'archevêché. Je
remarque trois choses. Premièrement que c'est le seul endroit
tenu bien propre dans la
région. Deuxièmement le style kitch, caractéristique
de l'époque actuelle, y compris les mosaïques
au dessus des portes. Troisièmement les drapeaux. Trois mats
avec le drapeau national, le drapeau de l'archevêché et
... le drapeau avec le soleil de Vergina, le symbole d'Alexandre le
Grand, le païen!
Une petite église creusée dans la roche, quelques siècles auparavant, représente le bijou du complexe et mérite le détour. Ici il n'y a pas de sentier pour y accéder. Ils ont construit un bâtiment devant. Il suffit de monter l'escalier, jusqu'au troisième étage:
Revenons
au sujet principal, l'Ile
aux serpents
.
Sur les deux lacs du Sud-Ouest macédonien le lac d'Ohrid est
très et celui de Prespa peu touristique. Je le savais, je
n'étais jamais allé à Prespa, pourtant j'étais
agréablement surpris. Il suffit de traverser la montagne
Galicica, par la route panoramique
qui monte et descend en lacets.
Une heure de voiture pour se retrouver dans un autre monde: pas
bétonné, pas surpeuplé, pas pollué. A
part des maisons individuelles rien n'est construit depuis
l'avènement de la démocratie. Il s'est ajouté un
phénomène naturel: depuis une quinzaine d'années
le niveau du lac est d'abord baissé de plusieurs mètres
pour remonter ensuite, sans retrouver le niveau original. Ceci est
bien visible de l'espace
.
Le résultats et qu'il n'y a plus de ports. Ils ont essayé
des ports à pontons, les tempêtes les emportent. Pour
cette raison il n'y a plus de services de bateaux.
Des
amis m'ont mis en contact avec Méndé,
un guide local du village de Stenyé. Le rendez-vous était
pris à 7 heure du matin. J'avais un peu traîné
sur la route, on est partie vers huit heure. Le traversée me
rappelle celle de Tabar en Papouasie, le danger en moins. Que du
plaisir à voir des pélicans,
cormorans, hérons,
canards sauvages. J'étais
surpris de découvrir les pélicans!
Il ne sont pas les mêmes que ceux que je voyais dans les pays
tropicaux, à Baja et aux Caraïbes. Ceux d'ici sont gros
et "paresseux". Dans les tropiques ils pèchent en
piquent, ici ils sont en symbiose avec les cormorans. Les cormorans
plongent, m'avait expliqué Méndé, et poussent
les poissons vers la surface. Le pélican
n'a que baisser la tête pour se servir.
Peu
après que l'île est apparu derrière le cap, Méndé
m'avais signalé, au loin, un vol de plusieurs dizaines de
pélicans qui quittaient l'île. Cala signifiait que des
touristes venaient de débarquer. Effectivement, un peu plus
tard, on a croisé une barque qui revenait.
En s'approchant on avait bien constaté qu'il restait peu de
pélicans, mais la colonie de cormorans y était. C'était
impressionnant de voir la foret d'arbres blancs, comme les branches
décoratives de Noël. Tout couvert de la fiente. C'est ici
que j'ai eu deux ratés avec mon nouveau appareil photo, de
l'année dernière. Se prétendant intelligent, il
réfléchit après que j'ai appuyé sur le
déclencheur. Ainsi j'ai loupé la photo d'un héron,
en vol, avec un serpent dans le bec. Elle aurait été
meilleur que celle que j'ai
trouvais sur le net. Et aussi celle d'une maman cane
avec le petit sur le dos.
L'île
a beau s'appeler Ile aux serpents, c'est pas évident de les
voir. Il y a des serpents d'eau et des couleuvres (poskok, en
macédonien). Méndé m'avait prévenu. Les
couleuvres sont craintifs, on les voit facilement en mai - juin
uniquement, pendant la période de reproduction quand elle sont
moins vigilantes. En plus, les petit groupe de touristes venait de
passer. On a beau cherché, les couleuvres sont sédentaires,
elle se prélassent
au soleil toujours sur le même caillou, on n'a vu aucune. Par
contre deux serpents d'eau. Un dans l'eau, un autre à terre.
A part les serpents, a terre il y a beaucoup de tortues.
L'île,
inhabité depuis longtemps, s'appelle Golem Grad (Grande ville)
aussi, à cause des ruines de différents époques
.
Ruines qui alimentent des phantasmes sur de grandes civilisations
dans le microcosme patriotique macédonien. Pourtant il n'y a
que quelques ruines. Le mieux conservée est la petite église
du 14emme siècle. On y voit quelque jolies fresques, même
sur le mur extérieur.
Et un petit stock de bouteilles
d'huile, dons des fidèles selon la tradition orthodoxe.
A
part les deux fondations
d'églises, les restes d'une villa
romaine sont les plus importantes. Une citerne
d'eau confirme qu'il s'agissait d'une bâtisse importante. Plus
intéressent pour moi c'était l'explication du guide
qu'il y a un aigle dans les parages et qu'il utilise la villa comme
salle à manger. On ne peut pas voir le volatile, mais on voit
les restes de ses repas: des têtes
d'oiseaux par exemple. Par contre pas d'explication pour les œufs
de tortue qui traînaient
sur le muret. Au retour un nid
par terre et plus loin quelques plumes
signalaient deux drames pour les oiseaux, des festins pour les
serpents. On est partie juste au moment de l'arrivée des
touristes, l'île n'est donc pas si peu visitée.
En conclusion: j'étais un peu déçu à ne pas trouver de traces d'un mystère quelconque, en revanche j'étais ébloui par la beauté sauvage des lieux. Pour combien de temps encore ? Vu ce qui est devenu Ohrid c'est difficile d'être optimiste.