Itinéraires: prévu et fait
On
ne vient pas plonger à Raja Ampat tous les jours. Quand on y
est, on essaie d'en profiter au maximum. Quatre plongées par
jour, sauf visites ou navigation. Cette fois si je n'étais pas
le seul à les faire toutes: 35 en dix jours. On ne se lasse
pas. J'ai passé 33 heures sous la surface. Les palanquées
étaient toujours les mêmes. J'étais avec Chris,
un Américain de Floride et John, un Australien d'origine
Indien de Singapour. Ensemble, tous les trois, on avait le double de
mon âge.
Il
y a beaucoup d'espace, mais sur les sites de plongée on était
rarement seuls. Il y avait très souvent un deuxième
bateau de plongée, y
compris celui de la flotte Agressor.
Grace à la bonne organisation je n'ai jamais croisé
sous l'eau d'autres plongeurs. Rarement les nôtres, ceux des
deux autres annexes. Bizarre pour moi, que le nombre de sites est si
limitée. Dommage que personne n'a fait un effort à
identifier d'autres.
Malgré
mes 500 plongées au compteur, je n'arrive toujours pas à
maîtriser
ma consommation d'air. Bien que j'avais une bouteille de 15 litres je
l'avais toujours vidé le premier. John et Chris ne me
l'avaient jamais rapproché mais je culpabilisé de les
avoir obligé de sortir même s'ils pouvaient rester
encore une dizaine de minutes. Tous ce que je peux faire, à
Raja ou ailleurs, est de rester le plus longtemps possible. La règle
est de commencer à remonter à 50 bars. Le plus souvent
j'ai moins de 5 bars arrivé à la surface. Dès
fois je fini la ploguée sur le détendeur de secours du
guide.
Je crois
que Chris, l'américain tatoué,
m'avait sauvé la vie. C'était au Shedow
Reef à côté
de Misool, le quatrième jour. La treizième plongée,
ça ne s'invente pas. On était sur un tombant, à
une douzaine de mètres.
Mon
manomètre affichant moins de dix bars, j'ai fait signe au
moniteur que je vais remonter. Arrivé aux environs de quatre
mètres je me suis dit qu'il faudra mieux lancer le parachute.
C'est
le petit ballon en forme de saucisse qu'on gonfle avec de l'air du
détendeur et qui sert à signaler aux embarcations à
la surface qu'il y a quelqu'un juste au-dessous. En le déployant
le fil s'est emmêlé. Pendant que j'essayais à le
démêler j'étais surpris par Chris qui a surgi et
m'avait attrapé. J'ai immédiatement regardé
l'ordinateur: j'étais à 17 mètres. On m'a
expliqué que j'étais pris par un courent descendant. Je
ne suis pas sûr, on n'a pas lutté pour remonter. Quoi
que ce soit, même si j'ai coulé par inattention à
17, j'aurai bien pu me retrouver à 30 avant de m'apercevoir.
Avec si peu d'air ... Le caisson le plus proche est à Manado,
à deux heures de vol d'avion de Sorong, qui est à
plusieurs heures de navigation de Shedow
Reef.
Le
poisson emblématique de la faune de Raja Ampat, c'est le
requin tapis. C'était la première fois que j'en voyais
et j'en ai vu plusieurs. On les retrouve dans des cavités sous
le corail. Quand on les dérange ils s'en vont lentement
.
Vu de loin, deux points blancs semblent être ses yeux. En
s'approchant (ou en zoomant) l'œil
apparaît
un peu plus loin.
Celui des deux dernières images j'ai pu le voir côté tête et côté queue. Je n'ai pas pu me retenir à lui faire un câlin. J'ai croisé le chemin de quelques requins classiques, dont une belle roussette
et des barracudas:
Une autre particularité de la zone étaient les bancs de perroquets à bosse aux mâchoires puissantes pour croquer le corail. Des gros et en bande. Eux aussi, ils se font nettoyer par les labres. Vu la faible profondeur, mes photos sont d'assez mauvaise qualité.
des napoléons et des tortues, y compris un mâle prêt à s'accoupler:
Dans le même registre, poissons bizarres en faible profondeur, je mettrai le poisson crocodile aussi. Sauvant remarquablement camouflé.
Dans le gros, il y avait du très gros: des raies manta. Le deuxième jour on a vu une sauter, mais très loin. Enfin, j'ai vu quelque chose sauter. On m'avait dit que c'était une manta. Par contre, le site Blue Magic est une station de nettoyage. Elles étaient moins nombreuses mais plus grosses que celles à Hawaï, l'été dernier. Elles n'en finissaient pas de tourner en rond au-dessus de nous. Nous avions eu pour notre argent.
Qui dit gros poisson, dit rémora pas loin. Quand elle ne trouve un pélagique, elle croit que la bouteille du plongeur fera l'affaire.
Il
n'y a pas que les mantas qui se font nettoyer. Les poissons n'ayant
pas des bras pour se gratter, le nettoyage est un gros businesse. Le
petit labre nettoyeur ne craint pas le chômage. Dès fois
on assiste à des scènes cocasses. Comme ce poisson
qui reçoit les soins en position verticale.
Un
autre animal emblématique de la région est l'hippocampe
pygmée. Il est si petit et si bien camouflé que c'est
difficile à le repérer. Et moi donc, avec ma vue qui
faibli. De taille d'environ d'un centimètre, il s'accroche aux
gorgones, dont il adopte l'apparence et la couleur. Une fois repéré,
il reste à faire la mise au point pour réussir la
photo. Ce qui n'est pas facile, la photo de gauche. J'ai pris pour un
pygmée la petite bête de la photo de droite, pourtant
c'est autre chose. Ah, si j'aurai eu la lucidité de mon amie
Cornelia
.
Parmi
les autre rencontres insolites: une palourde électrique, une
crabe en symbiose avec méduse
,
la symbiose de deux gobies avec une crevette et la danse
du gobie
.
En vrac, une gallérie de poissons, crustacés et nudibranches.
Et pour terminer, un porte-bonheur: le caca du concombre de mer.
Et encore un dernier mot: Au moment de fin de rédaction de ce récit, trois mois plus tard, d'un coup je me demande: combien de toutes ces créatures sont toujours vivantes ?