Iles Vierges en 1991
On atterrit à l'aéroport international, dans la partie hollandaise de
l'île de St
Martin, tandis que notre bateau est dans
la partie française, dans le complexe
touristique de l'Anse Marcel
. La
croisière commence par l'inventaire du bateau de location. C'est André qui s'en
occupe, pendant que l'équipage profite de la
plage.
La
navigation commence le lendemain matin avec un court parcours jusqu'à Marigot, la
capitale française de l'île. André est un "pro" (entre guillemets pour
n'est pas exagérer non plus) mais ça
fait quelques mois qu'il n'a pas tenu la barre, alors on sent ça fébrilité. En
effet il faut sortir du port par l'étroit canal et ce n'est pas facile à manœuvrer
un bateau à très faible vitesse. Pour ceux qui ne se connaissent pas en
navigation: plus la vitesse du bateau est faible, moins le gouvernail à de la
prise, moins il est efficace. Une fois sortie au
large, on hisse les voiles et on se fait la
main en procédant aux réglages des voiles.
L'escale
à Marigot est essentielle, c'est là qu'on fait les provisions pour deux
semaines, donc deux caisses de rhum. Une bouteille par jour ce n'est pas trop pour
dix personnes, heureusement que certains ne boivent pas, ou peu. Le rhum est si
bon et si bon marché ici que ce serait dommage de s'en priver. Les courses
faites et embarquées on se précipite à l'autre bout de l'île, à Philipsburg, la
capitale hollandaise. St. Martin est un paradis fiscal. Les m'aguilles
financières ne nous intéressent pas, les boutiques hors-taxes si! Et en plus
dans un décor si pittoresque.
Les
choses sérieuses commencent vers 23h: on largue les amarres et on s'enfonce dans
la nuit. La mer et calme. On fait des quarts de deux heures, par deux. Une heure
de barre chacun/chacune. Pendant la nuit et dans la matinée on voit beaucoup de
poissons volants. On est fasciné par leur vol, certaines font une centaine de
mètres. Plusieurs échouent sur le pont ou dans
l'annexe. On arrive sur Virgin Gorda juste au niveau des rochers de Fallen
Jerusalem
La
première escale est St Thomas Bay, dans la partie sud de Virgin Gorda. C'est une
petite bourgade sans âme où on fait las formalités d'entré et le plein de
carburant et on jette un coup d'œil au moteur.
Le top ici c'est l'excursion aux Baths. C'est une belle plage tropicale avec des
gros rochets. On peut explorer les passages sous les gros cailloux où l'eau de mer
reflet toutes sortes de couleurs selon le plancton et la végétation sous-marine.
Le soir, après le dîner on se régale avec les davidoff 2000 qu'André a acheté au free-shop à Charles de Gaulle. Ca fait partie du rituel, mais moi qui ne fume pas, j'ai eu du mal à tenir le coup.
En
partant vers le nord de Virgin Gorda je fait une trempette en djellaba, je
crains des coups de soleil. Ca tape, mais le temps est changeant: un grain est
vite arrivé. Dans ces latitudes les averses sont brefs, elles s'arrêtent aussi
vite qu'elles arrivent, on n'est pas gêné même si on est mouillé. On sèche vite,
c'est plutôt rafraichissant. Sur la côte on voit une grande
colonne de fumé, ça n'a rien à voir, mais c'était
juste au moment ou la première guerre du Golfe venait de commencer. A Bitter End
on
mouille devant le complexe touristique de luxe. Le site est bien protégé: ancre
interdit, amarrage uniquement aux corps-morts. Le bateau ramasse-poubelles passe
tous les matins. Le préposé à la taxe journalière aussi. Il y a plusieurs
voiliers, des yachts et un bateau de croisière de luxe dans la baie. On s'offre
du strawberry daiquiri sur la terrasse de l'hôtel et du
barbecue à bord.
Une petite excursion dans Biras Creak a permis à Vera de profiter d'une piscine pour elle toute seule et de voir la différence de l'état de la mer intérieure par rapport à l'océan
L'étape
suivante c'est Trellis Bay, une petite baie charmante, même si elle se
trouve au bout des pistes de l'aéroport
de
Tortola. Sur la plage on trouve de gros
coquillages. Faisant du tuba, j'ai vu ici pour la première fois des raies en
liberté, il m'est arrivé une petite mésaventure: je me suis perdu. En rentrant
au bateau j'étais surpris de voir que ce n'était pas le notre. Sans lunettes tous
les bateaux se ressemblent, je n'avais pas encore un masque avec dioptrie. J'ai
nagé vers un autre, ce n'était pas le bon non plus. Heureusement que Vera me
surveillait et avait envoyé quelqu'un me chercher avec l'annexe.
Sur
l'île de Tortola on s'arrête à Cane Garden Bay, encore une baie d'une
beauté de rêve. On entre dans la baie après des manœuvres très délicates, il
faut trouver la passe dans le corail
. Le
littoral n'est pas encore bétonné. Les
pélicans chassent, des
frégates nous survolent. Les males ont des
gorges rouges écarlates, c'est la saison de la drague pour eux. En faisant du
tuba j'ai eu une expérience merveilleuse: je suis rentré dans un banc très épais
de petits poissons. J'ai eu l'impression qu'ils étaient des millions. On a passé
la soirée chez Charlie, un petit restaurant sur la plage à déguster da la
langouste. Tous sauf le capitaine qui préfère le
poulet.
En
route vers Jost Van Dyke on passe au large de Sandy Cay, appelé
Rockefeller Island
. Il
parait que ce bijou d'île appartient actuellement au milliardaire. Offerte ou
vendue en remerciement pour son implication dans le classement en parc
naturel d'une grande partie de la surface des îles. On mouille au Great
Harbor, une baie avec un petit village de quelques dizaines
d'habitants. Le charme de l'endroit
c'est que Jost Van Dyke était un pirate hollandais et des légendes
courent sur son trésor. André prétend que le trésor est à terre, mais c'est Vera
qu'elle l'avait trouvé, disons identifié. On en parlera le moment venu.
En route vers St. John on s'est fait arraisonné par les Coast Guards américaines. Trois mecs ont monté à bord, deux resté dans le zodiac. Contrôle de routine.
Arrivé
à Cruz Bay, à St John, on jette l'ancre dans la baie et on va faire les
formalités. Il est midi cinq, ils ferment pour la pause déjeuner. Il faut
revenir à 14 heure, le temps d'aller se promener en ville. A l'ouverture on
présente les passeports: un de plus que de personnes. Normale, il y a un qui est
resté à bord, le mouillage n'est pas stable. Je ne sait pas comment c'est
maintenant, c'était avant 2001.
Les passeports tamponnés, on largue les amarres et on file a Trunk Bay, la plage immaculé où le sable est aussi propre que s'il sortait de l'usine. Ca fait partie du Parc National, protégé comme les américaines savent le faire. C'était tellement parfait que je me suis rebellé. Je peux le dire maintenant, il y a prescription! On m'a expliqué comment faire et je l'ai fait, dans l'eau. C'est délicat, il faut pousser et s'éloigner immédiatement, sinon on l'a dans la gueule. Je l'ai réussi, je ne jamais recommencé.
La
capitale des îles Vierges américaine est Charlotte Amalia, sur l'île de St.
Thomas. A l'entrée de la baie un bateau de
guerre est encré. Est-ce à cause de la guerre qui fait rage en Iraq? En ville
c'est la foire aux touristes. Dans le port il y a
toujours deux ou trois énormes bateaux de
"La croisière s'amuse", différents tous les
jours. En ville pullule de boutiques,
dont les bijouteries où on vend des chaines
en or au mètre. "Le voilà le trésor de Jost Van Dyke !" s'exclame Vera.
L'énigme est résolue! Le soir les touristes se retirent sur les bateaux, les
boutiques ferment et nous, ça encore c'est le rituel, on va
diner au Villa Olga, l'ancienne
ambassade russe. Et oui, le tzar avait une ambassade à Charlotte Amalia. Nous on
y'était le 21 janvier, en pleines festivités de l'anniversaire de Martin Luter
King. Fascinant spectacle!
A Norman Island
,
encore une belle baie avec des voiliers et un bateau
pirate-bar; il y a aussi des histoires
de pirates et de trésors enfouis. On a fait, avec Vera, une petite promenade dans
l'intérieur, on voyait une grande mare, je
me disais que le trésor est peut-être au fond. On n'a pas cherché.
A
partir de Norman Island on amorce le retour. A l'annonce d'André que ça va remuer la moitié de l'équipage, dont Vera, a
préféré rentrer à St Martin en avion. On les a débarqués à Road Town à
Tortola. Ils ont trainaient en ville, pris
l'avion dans l'âpres midi et passé la nuit
à l'hôtel à Marigot.
C'était
une belle expérience, cette traversée. On est parti vers 11 heure de Road
Town pour arriver dans la matinée le lendemain. On était cinq, donc deux
équipes de deux pour les quarts de deux heures. Les deux heures de repos sont
courtes, on se couche habillé et mouillé. A la barre on reçoit régulièrement des
paquets d'eau. On est mouillé tous le temps. L'air est chaud,
l'eau
s'évapore mais les vêtements ne sèchent pas complètement. On est imprégné dans une
sorte de saumure collante, très désagréable. En allé on avance dans la direction
des vagues et la navigation est assez confortable. Au
retour
on les coupe et le bateau tangue beaucoup plus. Je n'ai pu presque rien manger,
heureusement. Je me reposais dans notre cabine, celle d'avant. A chaque vague la
proue se soulevait et tombait de plus d'un mètre. Dans le demi sommeil j'avais
l'impression que l'avant du bateau peut se disloquer à tout moment.
C'est étonnant le temps qu'il faut pour s'éloigner de la terre ferme. Pendant des heures le relief de Virgin Gorda devenait de plus en plus petit mais toujours à l'horizon. Pareil pour l'arrivée. On a aperçu les lumières de Marigot vers deux heures du matin, pour y arriver vers huit heures, en tirant des bords. On a fait tout le trajet à la voile. Formidable.
On se croix un vrai marin quand on arrive au port et ta petite femme t'attend à quai. C'est se qui m'est arrivé. Depuis tôt le matin elle a du guetter l'océan en espérant apercevoir notre bateau entrer dans la rade.
Les
péripéties n'étaient pas finies pour autant. Une ultime m'attendait. Le dernier
rituel des croisières d'André s'est d'aller boire un coup chez La vie
en rose. Je me suis tapé deux planters, à
jeune. Là-bas ils n'économisent pas le rhum. C'est comme ça que peu après, dans
le restaurant où on devait déjeuner je me suis trouvé par
terre. Pourtant le pire moment de honte
pour moi c'était le lendemain matin. De retour du supermarché avec les
provisions de rhum pour le retour, j'ai croisé le patron du restaurant. J'ai
changé le trottoir en tournant la tête. Bon, là il y a prescription maintenant.
Le dernier jour à Marigot c'était le jour de marché, les paysans viennent de partout. Tous les marchés sont colorés, les marchés tropicaux encore plus.
Il ne nous restait qu'a ramener le bateau à Anse Marcel, faire les valises et prendre l'avion