Iles Vierges en 1993
La
spécificité de cette croisière c'était qu'on est parti avec un couple de
slovènes: Borka, ma copine de l'école primaire et Andrej, son mari très fière de
la récente indépendance de son pays. Et
encore, à cette époque il ne rêvait même pas que la Slovénie aura un jour la
présidence de l'Union Européen. Aux Vierges il nous a péché quelques
poissons et même une
langouste, petite.
Pendant
qu'André faisait l'inventaire l'équipage au lieu de se prélasser à la plage est
allé faire les provisions au supermarché de Marigot. Et un peu de shoping à Philipsburg,
bien sûr.
La première nuit à bord, dans la marina d'Anse Marcel à était mouvementé. Andrej est venu me réveiller pour me dire qu'on dérive. En effet, on était au milieu du bassin. On a réveillé le capitaine, ça s'est arrangé. On n'a jamais su la vérité; les amarres se sont détachés tous seuls ou c'était une subversion de l'autre équipage. Il parait que certains d'entre nous avaient dragouillé leurres femmes la veille.
Le premier trajet était pour aller à Anguilla, une petite île charmante à quelques encablures de St Martin. Politiquement c'est un "territoire britannique distinct". On est passé la nuit au large de Sandy Ground et fait une petite promenade dans le patelin.
Le clou de l'étape était Sandy Cay, une petite île de conte de fée au sable blanc et un bar caraïbe sous les quelques palmiers:
Le
soir on est parti vers Virgin Gorda. Cette fois si la mer était beaucoup plus
grosse qu'en 91, avec des vagues de plus de trois mètres. Il y en a une que je
voie toujours. J'étais à la barre. Un moment je me suis retourné et j'ai vue
derrière moi un mur d'eau. Le temps de me demander si elle passera au-dessus ou au-dessous que le bateau s'est soulevé comme sur un manège dans un
parc d'attractions. Elle est passée au-dessous.
1993 c'était encore l'époque héroïque de la navigation de plaisance. Le GPS était encore rare et les puristes comme André n'en voulaient pas. Ça lui avait couté une grosse frayeur. En effet, le matin, Virgin Gorda tardant à apparaitre il s'est rendu compte qu'on était beaucoup plus au nord. Et au nord c'est sont les haut fonds d'Anegada. On aurait vraiment eu l'air con à s'échouer au milieu de la mer.
A St Thomas Bay on est allé aux Baths, bizarrement cette fois si l'eau n'avait pas les mêmes éclats de couleurs et pourtant c'était la même époque.
A Peter Island, le soir on prend l'annexe, on débarque dans le noir sur une sorte de dock désaffecté, on marche dans la nui et on arrive devant l'hôtel et avant d'entrer on s'habille correctement. Ce n'était pas une action commando, c'était pour boire un coup.
Apres Normand Island et son bateau-bar pirate on est parti vars l'Amérique.
Dès l'entrée dans les eaux territoriales américaines on s'est fait survoler plusieurs fois par un avion de reconnaissance, pas méchant.
Les
formalités accomplies à Cruz Bay, on est parti sur l'île de Great St. James. Là
j'ai eu une belle frayeur! Dès qu'on a jeté l'ancre, comme d'habitude, j'avais pris la caméra vidéo
avec caisson (que j'avais acheté à Philipsburg), le masque, le tuba et les
palmes et je suis parti vers les rochers de la côte. Il y avait du poisson,
donc une lime et des seiches. Je suis resté jusqu'au vider les batteries. En
rentrant, sous la bateau il y avait deux ou trois
rémoras, dont une de plus d'un mètre. Et
qui dit rémora dit requin, elles ne devraient pas être seules. Bon, on n'a pas vu de
requin, mais les jours suivants j'ai flippé dans l'eau, surtout sur le trajet entre
le bateau et les rochers.
A
Charlotte Amalia, avec le port toujours aussi fréquenté par des bateaux de
croisière et yachts de millionnaires, c'était le programme standard: boutiques
et villa Olga.
Les
amerloques toujours aussi étranges pour nous. J'entends toujours le cri
d'épouvante de la serveuse chez Villa Olga quand elle s'est aperçue que
quelqu'un d'entre nous avais allumé une cigarette, sur la terrasse. Dans le
restaurant-bar du port je ne pouvais pas rentrer, j'étais torse nu. Je n'avais
rien de plus à me mettre, mais j'avais un sac en plastique. J'avais demandé si je
pouvais entrer si je mettais le sac sur la poitrine. C'était oui. N'importe quoi! Et
tous leurs "wanted" accrochés n'importe
où.
En longeant St John, on a croisé Phocéa, le fameux quatre mat qui appartenait à cette époque à Bernard Tapie, au moment quand il était au sommet. A St Francis Bay, une baie tranquille, on a observé les pélicans chasser, piquer dans l'eau et on a fait une promenade sur la plage de galets.
A Jost Van Dyke Andrej avait encore pêché un beau poisson, mais Vera et moi on a préféré allez à la gargote à tee-shirts à terre pour déguster une bonne langouste fraiche du terroir.
Bitter End sur Virgin Gorda toujours aussi fréquenté par des bateaux de croisière, yachts et simples voiliers, comme le notre. Apres baignade et le strawberry daiquiri le soir, on part le lendemain. Pas d'abandon cette fois, l'équipage au complet fait la traversé.
La
mer était beaucoup plus calme. N'empêche, l'équipe de quart a était drôlement
surprise quand on s'est fait arraisonné, en pleine nuit, par les douaniers français.
Les "salauds" (entre guillemets parce qu'ils étaient très corrects) se
sont
approchés par notre derrière avec leur vedette, tous feux éteints. Ils nous
avaient abordés en zodiac, en sautant directement sur la jupe arrière. Le mec à
la barre, stupéfié, avait cru qu'il s'est fait attaquer par des pécheurs
auxquels on aurait coupé les filets. Moi je dormais.
Ça fait un drôle d'effet: on
est seuls au milieu de l'océan, on attend du bruit des gens qui parlent et on
voit des inconnus dans le carré.
Ça fait un choc!
En voyant les lumières de St Martin, André était un peu pommé: il n'arrivait pas à identifier le phare de l'aéroport. Apres beaucoup d'hésitations Andrej à résolu le problème en supposant que le phare est en panne. Il avait raison, ça s'est confirmé plus tard.
On est arrivé à Marigot tôt, très tôt. Il faisait accore nuit. C'est comme ça la mer, le même trajet n'est jamais pareil. Après le coup chez La vie en rose, la courte visite du marché le pas jour de marche on a terminé la croisière avec la traditionnelle séance de photos du capitaine dans sa tenue d'apparat.
Sacré André! Il ne se prend pas au sérieux, et pourtant il est extrêmement sérieux. La preuve: il n'a jamais fait naufrage.