Port Moresby, peur sur la ville.
"Je ne vois pas qu'est-ce que la civilisation peut apporter à ces gens" c'est exclamé le capitaine John Moresby, en débarquant en 1873 à l'endroit où une ville portant son nom sera établie. Je suis sûr qu'il n'était pas conscient qu'il annonçait une prophétie. Pourquoi? Il y a des villes dangereuses et invivables dans des pays en guerre, comme Bagdad, Kabul ou Mogadiscio. Juste derrière, dans la catégorie suivante il y a Pt. Moresby, Lagos ...
En effet c'est ce qu'on appelle une société déstructurée, surtout dans la capitale. Dans l'intérieur du pays c'est une société "archaïque", avec peu d'argent et peu de besoins modernes. 85% de la population vit de l'agriculture de subsistance. Pour notre séjour dans la région du Sepik on était prévenu d'avoir des petites coupures, de moins de 20 kina, (4,5 €). Si non, quand on voudra acheter quelque chose les autochtones n'auront pas de la monnaie à nous rendre et ne peuvent pas non plus écouler les billets. Alors les gens qui arrivent dans la capitale, attiré par l'argent, se retrouvent dans un environnement ou les liens de la société traditionnelle sont rompues et inexistantes et il n'y a pas de travail. Et il n'y a pas que la capitale. Lae et Mt Hagen sont des villes dangereuses, l'ile de Bougainville tellement déconseillée qu'elle est interdite. On m'avait assurait même qu'il y a encore du cannibalisme dans des villages à la frontière avec l'Indonésie.
Bien sûr que le sentiment d'insécurité contient une dose importante de
subjectivité. Pourtant, étant prudent, vous pouvez vous promener à Copacabana et
ailleurs à Rio. Nulle part à Pt Moresby. Il n'y a pas de quartier touristique,
il n'y a pas de touristes, pas des étrangers dans les rues. Il y a des grilles
et gardiens partout. On vous raconte des histoires d'agressions, avec la
spécificité locale. A Rio ou ailleurs, le voyou peut vous menacer avec une arme
et vous demander la bourse. Ici le raskol, c'est le nom local des voyous, tape
d'abord et se sert ensuite. En plus vous avez l'impression que toute la
population est légèrement droguée. Il y a partout des gens qui
mâchent de la noix
de bétel et crachent de la salive rouge, on dirait du sang. Et pourtant les gens
qu'on rencontrait étaient tous amicaux et souriants.
En sept jours passés dans la capitale on
n'a
fait que deux trajets à pieds. Pendant le séjours en allé on est allé jusqu'a Gordons Market
. Je n'ai même
pas osé prendre d'appareil photo avec moi, donc pas d'images. Il y a un marché
extrêmement pauvre, la moitié des marchandes vendaient, mâchaient et crachaient
du noix de bétel. De retour de Kavieng on s'est déplacé à pieds uniquement dans
la zone de l'hôtel Crown Plazza et de
l’Ambassade
.
La seule distraction était PNG art, le magasin qui vend des objets de Papouasie - Nouvelle Guinée, dont de très beaux boucliers, autre chose que l'airport art de la boutique de l'aéroport. On peut y passer des heures à fouiller et discuter avec les propriétaires et employés, dont le vieux Ken.
En allé on a passé trois jours à Mapang House, une
auberge-relais pour les missionnaires sur leur chemin entre le pays d'origine et
le lieu de mission. Ce sont des gens très sympathiques, néanmoins des
fanatiques. Voilà ce que m'avait raconté Peggy, la femme d'un pasteur américain.
Ils sont stationnés à Ambunti. La première route est à une cinquantaine de kilomètres de pirogue sur la
fleuve Sepik. Ils ont passé dix ans là-bas, avec leurs cinq
enfants. Elle m'avait dit qu'ils y sont depuis 1995. 2007 - 1995 çà fait douze,
non? Oui, mais ils avaient fait une pose de deux ans. Elle ne voulait pas revenir.
Alors elle s'est adressée au Seigneur et il lui est dit d'y aller, qu'elle serait
plus heureuse à côté de son mari. Elle a obéit, et elle était heureuse! Aller
élever ses propres enfants en bas âge au bord de Sepik infesté de moustiques,
foyer de paludisme, en comptant sur l'aide de Dieu, si ce n'est pas du
fanatisme, qu'est-ce que c'est? Au même temps à Mapang il y avait
Elisabeth, une jeune femme venu des Highlands, avec deux enfants, pour
accoucher un troisième. A l'aéroport on a rencontré un jeune couple d'Allemands avec bébé, d'Ambunti
aussi. J'ai appris plus tard qu'ils sont de l'ordre de cent milles dans le
monde, de différentes églises chrétiennes. Depuis 160 ans en Papouasie.
Au
retour, a Crown Plazza, on a côtoyé des hommes d'affaires. Ce sont aussi des
gens très sympathiques, venu gagner de l'argent, beaucoup d'argent pour eux-mêmes et pour des actionnaires. Ils arrivent dans ce pays où, comme je l'avais
déjà dit, les gens n'ont pas de la monnaie sur 5€, avec leurs pognon et matériel
de haute technologie. Ils débarquent dans les villages avec des gros 4x4 et
hélicoptères, GPS et téléphones satellite, font venir des énormes engins de chantiers
... et ils creusent. On avait sympathisé avec un jeune chercheur d'or israélien,
jeune par rapport à nous. Pas un orpailleur, un homme d'affaires. Il installait
une mine d'or quelque part à l'intérieur du pays. A ma remarque que ca doit être
cher il m'avait répondu que ses investisseurs lui font confidence. Tout est dit.
En sachant que les investisseurs chez nous demandent 15% de bénef, combien
exigent-ils dans un pays instable? Avec des meilleurs intentions, de ce que je
ne doute pas, qu'est-ce que
lui reste comme marge de manouvre à l'égard des ravages qu'il peut provoquer
dans la société et dans l'environnement?
Bon, je ne suis pas sociologue. J'exprime quelques réflexions selon l'opinion que je me suis fais, dans la situation donnée.