Mergui,
plongées
en Birmanie.
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Les îles Mergui ne sont pas une destination
touristique. Ce n'ai même pas un parc naturel, donc une zone de pêche.

Seulement quelques bateaux de plongée venant de la Thaïlande les fréquentent, nous n'avions vu aucun. On avait les sites de plongée que pour nous. Même les deux autres palanquées (palanqué = groupe de plongeurs), on ne les croisait que rarement. Que du bonheur. Moi je plongeais avec l'anglaise, le couple de danois et Preben comme guide.
On
a fait escale d'une heure à Kaw Thaung, la ville birmane d'en face, pour les
visas et les formalisées. On est resté à bord, en
observant l'activité du port. Personne
n'avait vérifié qu'il y a le même nombre de passagers que de passeports et
encore moins si les passeports correspondent aux personnes à bord. On avait
embarqué aussi le guide birman imposé par les autorités. En effet c'était un
homme de peine qui complétait l'équipage.
Apres
la cérémonie de départ, un feux
d'artifice pour s'assurer du soutien des
esprits de la mer, on est parti pour huit jours.
Sur
Thai See, un bateau de vingt mètres, on était onze plongeurs, trois
guides, quatre membres de l'équipage (y
compris le birman) et le capitaine. Une
grande espace de vie, derrière les deux cabines sur le pont supérieur. Les autres
cabines sont au niveau de l'eau, sous le pont soleil, devant la cuisine et
l'espace plongée avec les toilettes.
On a mis pied sur terre une seule fois, le troisième jour, sur une plage paradisiaque aux alentours de Shark Cave :


On
faisait quatre plongées par jour, à partir de sept heures, avec des intervalles
de trois heures. On se mettait à l'eau soit directement du bateau soit de
l'annexe. Ils l'appelaient dingi,
je ne sais pas comment ça s'écrit. Remonter sur le
bateau c'est facile. Sur l'annexe c'était galère pour moi.
Après s'avoir déséquipé, il faut s'éjecter de l'eau à la force des
bras et des palmes. Me concernant il fallait qu'en plus, deux mecs me tirent par les épaules.
Néanmoins je n'ai manqué aucun des 26 plongées.
Je citerai quelques événements remarquables.
L'émouvante rencontre avec le
requin baleine, au North Twin. On était en
plein eau quand il a surgi du bleu. C'était un petit, je pense de moins de
quatre mètres. Il avait l'air curieux de nous. Je le trouvais très élégant.
Digne. Il nous a légèrement contourné et disparu dans le bleu.
L'événement
n'a duré qu'une vingtaine de secondes. Moi j'étais intrigué pat le poisson sur
son dos, j'ai eu l'impression que c'était son petit. C'était un
rémora. Sur la photo on voit bien
la
ventouse sur la tête. Pourquoi s'est-il installé sur son dos au lieu de se coller
sur son ventre, comme c'est la règle ? Plus tard, sur le bateau, j'ai fait
remarquer à Franck qu'on est sur une zone de pêche, que se passerait-il si les
pêcheurs l'aperçoivent ?
« A ton avis ?
» Les mantas aussi ?
«
Oui, tu les retrouveras au marché aux poissons.
»
Le
requin nourrice de Shark Cave, ou
j'ai plongé deux fois. A 18 mètres il y a un tunnel long d'une trentaine de
mètres. Au milieu il y a comme une cave, moins d'un mètre et demie de haute. A
l'intérieur ont élu domicile un requin
nourrice de taille respectable et une raie
pastenague d'un mètre de diamètre. On passe à une cinquantaine de centimètres de la raie et son
dard.
Au
cours de la première plongée le guide, avec son
phare, s'est collé à la paroi et moi
passant devant lui j'ai pu caresser le requin. Je n'ai jamais eu peur sous
l'eau, mais après coup je me dis qu'ici on frôle l'inconscience. Que se
passerait-il si le requin décide de partir au moment de la visite ? Panique ou
simple envie. Il foncera dans le tunnel sans se demander s'il y a de la place.
Il bousculera les plongeurs et arrachera ce qu'il arrachera. Et le dard de la
raie dans l'eau trouble ? Voici des photos du même requin prisent par Franck, avec
son appareil:
L'accident de nuit. Pour la plongée de nuit dans
Shark Cave on est parti à trois plus le guide. Dans la nuit noire on s'est laissé tomber,
les phares allumés, à la renverse de l'annexe.
En
faisant surface, quelques secondes plus tard, on a entendu Stéphane:
« Ouf! ...
Quelque chose m'a frappé au sternum! ... Aï, j'ai un trou dans la combie!
»
L'autre
Stéphane, le guide, avait regardé sous l'eau.
« Tu saignes !
» On a conclu,
faute de mieux, qu'un poisson volant l'aurait frappé. On faisait signes avec les
phares et on a crié et l'annexe est revenue. Le guide, tout à fait dans les
règles, voulait arrêter la plongée mais le blessé et l'allemand, qui n'a pas bien
compris ce qui s'est passé, ont insisté qu'on continue.
Donc, Stéphane est partie
sur le bateau et nous trois on est allé à la grotte. De retour l'énigme était
résolue. Ils avaient trouvé dans les bouquins que c'était un crocodile pipefish,
que j'ai retrouvé au marché de Patong à Phuket plus tard, affolé par les lumières
qui lui est rentré dedans. La blessure, comme un coup de couteau, était impressionnante, ce que ne
l'avait pas
l'empêché de reprendre les plongées le lendemain dans l'après-midi. Dans la
soirée le guide se lamenté:
« Plongée de merde!
Et
en plus quand j'ai vu Zarko saigner de la tête dans la grotte...
» En effet je
me suis égratigné par les cailloux du plafond de la grotte. La preuve que les
histoires comme quoi les requins s'excitent en sentant le sang à des kilomètres
sont exagérées. Le nôtre avait mon sang sous le nez et n'a pas bronché. Et
ce n'était pas tout. Au cours de la même plongée, en photographiant un
coquillage, tout-à-fait banal, j'avais
écrasé un oursin avec le genou et les
épines ne se sont pas gênées de traverser nombreuse ma combie. Un demi-citron
avais réglé l'affaire.
L'accouplement des seiches à
Western Rocky. Il y a beaucoup de seiches
dans la région. Au cours de la plongée je suis tombé sur
deux en train de s'accoupler. J'ai
fait un clip et quand je me suis retourné je ne voyais plus la palanquée, la
visibilité n'était pas énorme. Après avoir cherché, une minute
approximativement, j'ai commencé à remonter en me disant que je vais me faire
gronder.
En
surface ne voyant personne, j'ai regardé vers le fond je les ai vu et je les
ai rejoints. Ils ne se sont même pas aperçus de mon absence: ils filmaient un
autre couple de seiches accompagnés d'un autre male, pas content.
La scène était extraordinaire: tous les trois avec des couleurs et textures
différents et le troisième avec les bras dressés. Je me suis mis à photographier
et filmer.
Dans
l'excitation j'ai oublié de contrôler mon manomètre. Dès qu'on a commencé à
quitter les lieux, plus d'air. Ma bouteille était vide, ce qui n'est pas
catastrophique. En effet, normalement l'air arrive tout seul, quand elle est vide il
ne vient plus. Mais une bouteille vide n'est pas tout à fait vide, il y en a
toujours plusieurs bouffées sauf qu'il faut aspirer très fort. Le temps que je
rejoigne l'anglaise, mon binôme. Elle m'avait passé son octopus, l'autre
détendeur de réserve, le temps de joindre le guide. En général, en sortant quand
il ne me reste presque rien le guide, quel qu'il soit, n'a vidé que la moitié de
sa bouteille.

Le
thon. La cuisine sur le
bateau était très bonne. Des plats
thaï et du
barbecue, des
fruits. Presque pas du poisson, jamais
entiers. Pourquoi, puisque c'est même possible de pêcher, on voyait énormément
de bateaux de pêche ? J'ai eu des réponses fumeuses. Certains des clients
peut-être n'aiment pas. Un jour, autour de North Twin Pong avait mis une ligne
et a pris un gros poisson que le cuisinier l'avait sorti de l'eau avec un geste
majestueux. Un thon de vingt kilos! Ils
ont voulu le relâcher. Le temps de lui enlever l'hameçon, il n'était plus
viable. On a eu des sushis délicieux.

La
dynamite. J'avais l'impression que les pécheurs birmans s'empressent à vider
leur mer de tous ce qui bouge dedans. Des innombrables embarcations s'attaquent
aux poissons par tous les moyens: filets, lignes, cages, dynamite, cyanure.
D'ailleurs on trouvait des filets perdus
sur les sites. Au
Black Rock on s'attendait à être seuls à côté du rocher au milieu de la mer. Que
nenni ! Arrivé au petit matin on y a
trouvé toute une flottille. Quelqu'un avait affirmé qu'ils sont en train de
pêcher à la dynamite. On a pu le confirmé dès la première plongée.
D'innombrables poissons morts tapissaient le fond, les oursins se régalaient
déjà. Il n'y avait pas de dégâts au fond rocailleux. Ils font exploser juste au-dessous de la surface. Alors je me suis posé la question: qu'est ce qui est plus
destructrice ? La dynamite ou les bateaux usines en haute mer qui tirent des
filets de cinquante kilomètres. Les uns comme les autres tuent d'abord trient
après. Pauvre océan, pauvre planète. Nous on est
parti, ils sont restés.

Les
cages. On voit au fond des cages pour poissons, comme les cages à crustacées
en Bretagne. Sauf que celles-ci sont énormes. Alors là encore quelque chose que
je n'ai pas compris. Quelqu'un, c'était pas un français,
ouvrait les portes et libérait les
poissons. Encore plus étrange, il les
attachait en position ouverte. Donc les pêcheurs se rendront bien compte que
c'est intentionnel. Qui pourrait le faire sinon un plongeur ? Combien
il y avait-il de bateaux de plongeurs dans les parages ? Je rappelle que c'est
une zone de pêche et les pêcheurs sont dans leur droit. A ma demande
d'explication il m'avait répondu qu'ils n'ont qu'à les poser ailleurs, pas sur
les sites de plongée. Bizarre. Ils sont dans leurs pays et nous des étrangers
venu d'un pays étranger. Si ça continu, un jour, soit ils vont prévenir les
autorités soit ils se feront justice eux-mêmes.

Le
village militaire. On avait jeté l'ancre dans une superbe
crique, avec un petit village au fond.
C'étaient des militaires, dont une des rôles c'était de protéger les nids
d'hirondelles des alentours du ramassage illégal. C'est ensuite que j'ai
remarqué, sur mes photos, les
échelles dans une des grottes. Pendant
notre escale un militaire, en short, est venu cherché notre guide birmane. Il
nous l'avait ramené au bout d'une heure.
Olympus.
Mon fidèle appareil photo m'avait causé une forte émotion. Dans Seafan
Forrest, de retour au bateau ma bouteille était presque vide. Comme souvent.
A quelques mètres du bateau Pong avait plongé, avec le masque uniquement, et
demandé l'octopus a notre guide. J'ai pris une photo. Arrivé au bas de l'échèle,
quelques mètres plus loin et moins d'une minute plus tard, je me suis rendu
compte avec effroi que l'appareil n'était plus attaché à mon poignet.
Le
fond n'était pas loin, une petite dizaine de mètres, mais je ne le voyais pas.
Pourtant le caisson est rouge vif. N'ayant plus d'air j'ai prévenu, avec des
gestes, Peter et le guide et je suis sorti. Pendant quelques minutes, moins de
cinq, j'ai vécu ce sentiment d'angoisse horrifié. Si, ils le trouveront, il ne
peut pas aller bien loin. Mais non c'est foutu, il devait y avoir des crevasses
! Avec tous mes belles photos, y compris le requin baleine, et je ne pourrais
plus faire d'autre. Quel soulagement quand Peter est apparu, avec l'objet
rouge et noir dans la main. Plus tard, en plaisantant, j'ai lui dis qu'il aurait dû
lâcher le sien et voir où le courent l'emporte. Il m'avait répondu qu'il l'a
fait, mais le sien flottait. Il l'avait trouvé un peu plus loin, pas à cause du
courent mais parce que le bateau avait bougé autour de l'ancre.

Le
volcan. En préambule de l'avant dernière plongée, dans la zone de Western
Rocky, on a fait un tour au volcan. C'est une petite île, en forme de
cratère, avec un plan d'eau peu profond au milieu rallié à la mer par une sorte
de tunnel, submergé en marée haute.
C'est assez impressionnant de faire surface à l'intérieur. On se retrouve dans
un calme très zen. Plus tard, en identifiant l'endroit sur Google Earth
je m'aperçoit, sans rien enlever à la magie du lieu, que l'île n'a pas la forme
d'un cratère et que le plan d'eau n'est pas au milieu
.
Le courent poubelle. A l'approche de Kaw Thaung on a pu constater un phénomène étrange, même si je le connais. Au milieu de la mer un courant large d'une cinquantaine de mètres charrier des nombreux détritus. Ce n'est pas facile d'illustrer par des photos.

La suite des rencontres sous-marines est sur la page plongée.
Au retour on est repassé à Kaw Thaung pour récupérer les passeports et débarquer le guide birman.
On avait deux heures pour visiter la ville. Je suis parti seul faire un tour dans la partie commerçante autour du port.
Comme les thaïlandais, la plupart des birmans motorisés se déplacent en moto. J'étais impressionné par la quantité de filles sur les motos, j'en ai vu ça qu'à Naples. A noter que parfois le conducteur a un casque, jamais les passagers, y compris ses propres enfants.
Au bout d'une heure j'ai rejoint le groupe, attablé sur une terrasse a trinqué avec da la bière birmane. A partir de là j'ai observé un jeune couple qui installait sa gargote. J'ai contemplé avec une sorte d'enchantement la jeune femme, elle était extrêmement gracieuse avec des gestes scénarisés:
En quittant Kaw Thaung, voilà encore quelques-uns de ses habitants:
Et une dernière pour la route, le coucher du soleil au Mergui:
