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Tikal

    Visiter Tikal, la cité mystérieuse perdue au fin fond de la forêt tropicale, c'est le rêve. D'abord c'est un site extraordinaire. Ensuite, on ne comprend pas pourquoi cette cité aussi prospère à cet endroit-là. Ni richesses naturelles particulières, ni croisée de chemins. Et pourquoi elle a été abandonnée au neuvième siècle, sans traces de destructions? Les innombrables temples ont étaient engloutis par la forêt vierge, avant d'être découverts dix siècles plus tard. Le climat tropical, chaud et humide, avec la végétation envahissante empêche toute transmission des connaissances autre qu'orale. Ainsi on connaît très peu de choses sur cette civilisation.

    Le trajet, seul en voiture, même avec la Suzuki, demande un peu d'inconscience. Les guides de voyage disent qu'il faut au moins dix heures pour faire les 600 kilomètres, jusqu'à Flores. Et il ne faut surtout pas conduire la nuit. Il faut faire les trois quarts du parcours dans la province de Petén, réputé "Far West", au sens du Far West de l'époque. De retour, en feuilletant le contrat de location, je m'apercevrai que l'assurance n'était pas valable pour Petén. Heureusement que je ne l'avais pas lu avant.

Sur la route Bananeraie Petén Sur la route Flores

    Le danger que je voie, c'est d'abord leur manière de conduire et surtout de dépasser. En ce qui me concerne, j'e trouve plus sûre de dépasser par la droite, avec la jeep ça marche. Dans Petén il n'y a pas beaucoup de circulation, mais qu'est-ce que se passerait en cas de panne mécanique ou accident? Bon, ce n'est pas arrivé. Par contre un non-évènement m'avait beaucoup marqué. Sur la route j'ai pris trois stoppeurs, des mecs qui rentrent du travail. Au bout d'un moment, il y a un qui veut sortir, il est arrivé. Celui qui est assis à côté de moi sort et tend la main pour plier le siège. Mon inconscient interprète mal ce geste et, par reflex uniquement, j'attrape mon appareil photo, qui est posé entre nos deux sièges. Lui, par reflex uniquement aussi, retire brusquement la main. Tout ça dans une fraction de seconde. Personne n'a rien dit, mais tous les deux on avait l'air con: moi parce que j'avais honte de l'avoir pris pour un voleur, lui d'avoir fait un geste qui pouvait être mal interprété.

    DéforestationMur vertPour être sûr que je ne sois pas obligé de conduire la nuit, je étais parti aux aurores et arrivé à Flores, à 70km de Tikal, dans l'après-midi. Le lendemain, après avoir déjà traversé la moitié du pays, je me rends compte, d'un coup, des ravages de la déforestation, en rentrant dans le Parc National de Tikal et me retrouvant entouré d'un mur vert. Pour la petite histoire: dans toutes les langues slaves le mot "kurva" signifie péripatéticienne.

    La pisteLa piste, vue de l'autre boutLe centre "Ville Nouvelle" de Tikal c'est la piste de l'aéroport, deux ou trois petits hôtels et un petit musée au milieu de la forêt vierge. Deux ans auparavant un avion c'est craché ici, l'aéroport est fermé depuis. La piste est déjà défoncée par la végétation. Les innombrables temples sont éparpillés dans la forêt. Il y a très peu de touriste et le site est tellement grand. Sur les chemins, en allant d'un temple à un autre on peut rencontrer des singes, c'était la première fois que j'en voyais en liberté. On attend tant de bruits et de cries, on imagine des bêtes féroces. En effet se sont des cris d'oiseaux. Le jaguar rode dans cette forêt, mais il préfère ne pas s'approcher des humains.

Le temple de gauche Plaza Mayor Le temple de droite 

    Le vrai centre-ville de Tikal, à quelques minutes de marche de l'aéroport, est Plaza Mayor, la grande place avec les deux pyramides qui se font face. L'escalier de celle de gauche est tellement raide que j'avais abandonné de le monter au bout de trois marches. Le hasard a voulu que j'y étais en période de pleine lune. Le soir tout le monde, quelques dizaines de personnes, se ressemblé sur la place. Assis sur l'escalier de la pyramide de droite, la vue de la place éclairée par la lune, avec la pyramide raide en face, entouré par les ombres des autres ruines et la forêt, plus les bruits de la foret, tout ça crée une atmosphère qui vaut toute les messes du monde.

    Suivant les chemins dans la foret on découvre les autres temples et des tumulus qui recouvrent d'autres ruines, pas encore dégagées. Je n'ai toujours pas compris comment ça se fait que les temples se sont recouvert de terre, d'autant de terre que des arbres puissent pousser dessus. 

Des stelles Un complexe Le temple IV La pyramide en traveaux Petit temple

    A une vingtaine de kms vers le nord se trouve le petit site de Uaxactun, où je suis le seul touriste:

Le temple des quatre jaguars Vue du temple des quatre jaguars Stelle, au pied du temple des quatre jaguars Le village de Uaxactun Le bus pour le Mexique

    Au retour, une grande déception, je ne verrai pas Livingstone. La route traverse la rivière Rio Dulce. A l'embouchure de cette rivière se trouve Livingstone. Une ville, la seule au Guatemala, habité (uniquement) par des Noirs, descendants d'esclaves. Accessible uniquement par voie d'eau, donc sans voitures. Avec une vie au ralenti, dans la moiteur tropicale, sans touristes. Pour y aller il faut négocier un transport par la rivière. Une barque individuelle revenait trop chère. Le capitaine d'un petit cargo a accepté de me prendre, il devait partir dans deux heures. Le temps de trouver où laisser la voiture et de piquer une tête dans l'eau fraîche de Rio Dulce. A l'heure de départ, le capitaine a changé d'avis. Il craignait d'avoir des problèmes avec son patron. Je suis parti pour Guatemala City extrêmement frustré, ce qui a failli me coûter très cher.

Retour de Tikal Dans le Petén Arret à Petpun Arret baignade en rivière Paysage

    Quand on voyage seul il y a certains problèmes auxquels on n'a pas pensé. Par exemple vous prenez un stoppeur, un touriste. Dès fois ça l'arrange que vous êtes en voiture et ce n'est pas facile de vous en débarrasser. Chaque fois que vous sortez de la voiture il faut prendre les clefs. Dés fois, quand on est seul, on veut s'arrêter pour se baigner. On se met en maillot, mais quoi faire des clefs? J'avais un stratagème, un peu ridicule. Je les mettais sous un caillou. Imaginez un triangle équilatéral: un des sommets c'est moi dans l'eau, l'autre la voiture et le troisième les clefs. Je me disais si un voleur me surveille, le temps de prendre les clefs et d'aller à la voiture, j'y arriverai aussi. Heureusement que je n'avais pas croisé le chemin du ladite voleur.

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