Israël et la première visite de Charm el-Cheikh
Je rédige le récit de
ce périple d'il y a 25 ans. Avec la mémoire qui flanche, l'aide de mon album
photo m'est précieuse. C'était l'époque de l'argentique, quand on faisait
attention au nombre de photos pris. Donc le choix d'images
est limité. Dommage !
Après une conférence à Tel Aviv on est parti, avec Vera, visiter Israël. A la conférence nous avions rendez-vous avec ma collègue et notre chère amie Nada de Belgrade qui nous a fait découvrir Tel Aviv et Jérusalem. C'était une période de calme dans la région et l'idée m'est venu d'essayer d'aller faire un tour dans le Sinaï aussi, ce qui n'était pas courent en ce temps.
C'était à l'époque où uniquement les vols pour Israël étaient strictement contrôlés. A l'aéroport de Francfort notre avion, de Lufthansa, au décollage était accompagné par un VAB.
Tel Aviv
m'avait laissé l'impression d'une
ville de l'Europe Centrale, sauf le bord de
mer bien sûr. L'état des rues, le type des immeubles et leurs façades, le linge sur les
balcons. J'ai surtout apprécié les
"fast-food" au shuarma, des délicieux kebabs où on rajoute sois mêmes les légumes à volonté. Avec
refilling de légumes.
Juste à côté de Tel Aviv se trouve Jaffa, dont le nom auparavant m'évoquais uniquement des oranges. Je croyais qu'elles poussent à Jaffa, j'ai découvert que ce n'est que le port d'embarquement. Là on a commencé à être dépaysés :
Le Nord, avec Akko, Metula, le Golan et le lac de Tibériade.
Jérusalem
c'est une ville
fascinante. Pourtant ça a commencé avec des gros énervements pour moi. Je n'arrivais pas
à trouver l'hôtel. J'ai longtemps tourné dans l'enchevêtrement des rues autour,
jusqu'au moment que je me suis retrouvé devant la porte arrière. C'est en ce
moment que j'ai compris qu'il était dans une rue
piétonnière.
La première visite : le marché:
Mèa Shéarim, le quartier des juifs orthodoxes, les haredim. Ce sont des extrémistes religieux, mais ils n'emmerdent personne en dehors de leur quartier. Ils attendent le retour de Messie.
En
entrant par la Porte de Damas dans les ruelles de la vieille ville on a pris la Via Dolorosa, le chemin de
la
croix de Jésus jusqu'à l'église du
Saint-Sépulcre,
là où se
trouve sa tombe. Lui, il n'est pas là, parce qu'il est ressuscité. Dans une boutique
de la vieille ville j'avais acheté un sabre saoudien. Vera trouvait incongru de
pénétrer dans la tombe avec. Je l'avais laissé à l'entrée. On en reparlera de ce
sabre.
A partir des remparts une vue, y compris sur l'esplanade des mosquées.
L'étape suivante : le Mur des Lamentations et l'anecdote suivante de mon sabre saoudien. Pour accéder à l'esplanade il faut passer par un portique de sécurité. Evidement que le sabre, même enveloppé en papier journal, a déclenché l'alarme. Personne ne m'a rien demandé.
Au-dessus du mur se trouve l'esplanade des mosquées : La mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher d'où le prophète Mahomet serait monté au paradis. C'est ici aussi qu'Abraham aurait failli offrir son fils Isaac à Dieu. Et que le roi Salomon avait bâti l'ancien Temple de Jérusalem.
En face, de l'autre côté de la muraille se trouve le Mont des Oliviers, le lieu de l'Ascension de Jésus. C'est là aussi que passera le Messie des Juifs, celui qui amènera la résurrection des morts. Entre le Mont et la ville se dresse le plus grand cimetière juif, les résidents seront les premiers ressuscités. Normalement il doit ensuite entrer dans Jérusalem et c'est pour l'empêcher que Saladin eût muré la porte d'en face. J'ai remarqué la coutume des visiteurs du cimetière de laisser des cailloux sur les tombes, signe de leur passage. Quoi que ce soit, la vue sur Jérusalem est magnifique. On l'a vu le matin et le soir, avec l'église russe Sainte-Marie-Madeleine dans un coin.
Pour
aller à Bethléem
on longe le mur. La première version, un simple
grillage. On nous a dit que c'est parce que les enfants
palestiniens jettent des pierres.
Dans
la Basilique de la Nativité, du IVe
siècle, il y a la grotte où Jésus serait né. On accède a la nef par la porte de
l'Humilité. Les dimensions de la porte (78x130 cm.) datent de seizième siècle :
pour empêcher l'entrée des combattants ottomans à cheval et pour forcer les fidèles à se
baisser, d'où son nom. Ensuite il y a une deuxième petite porte pour descendre
dans la grotte. Parmi plusieurs cavités quelqu'un avait décidé que c'est exactement la
niche marquée par une étoile en argent où ça s'est passé. Une toute petite, je ne sais pas comment
peut-on imaginer que c'est possible d'accoucher dedans. Wikipédia dit : "Le
récit de la naissance ne doit pas faire l'objet d'une lecture littéraliste mais
appartient au registre littéraire du merveilleux et
à la théologie métaphorique."
Observant le plan des souterrains
je remarque que le coin de la Nativité ressemble à un utérus ! On n'est pas à
une métaphore près.
Sortie
de la Basilique j'ai vu une procession. J'ai couru avec mon appareil et au
moment de prendre la photo je me suis rendu compte que c'était un enterrement.
De tradition orthodoxe, avec le
cercueil ouvert. J'étais un peu honteux, ils enteraient un
proche, le touriste prend des photos.
Le Sud, à Eilat et au Sinaï, en passant par St. Catherine, jusqu'au Charm el-Cheikh
Jérusalem,
au retour le temps pour visiter le Musée d'Israël. C'était un samedi : shabbat !
Les guichets fermés, on achetait les tickets
dans une
camionnette.
Le
musée, c'est un petit Louvre. Très belle collection, des nombreux œuvres offerts
par des généreux donateurs de la diaspora. Le plus impressionnant est l'édifice
du
Musée des manuscrits de la mer Morte
et sa collection. Déjà le bâtiment est
en forme de cloche conçu pour résister à une explosion atomique : en cas
d’alerte il s’enfonce sous terre. Fait passionnant concernant les Manuscrits :
ils datent de l'époque de Jésus. Parmi les manuscrits il y a un tas
d'informations sur la vie quotidienne. Il y a, par exemple, les archives de
Babatha (avec sa
sandale), une commerçante. Des documents juridiques, des feuilles de ses
comptes ... Plus loin une demande de renforts d'un commandant de garnison. Et
voilà, dans l'ensemble des Manuscrits aucune mention concernant notre cher Jésus
et ses miracles. Aucune ! Qu'est-ce que je veux insinuer par-là ? Rien, rien.
Après une dernière promenade dans le centre-ville, on est parti vers l’aéroport. J’ai disait au début qu’à Metula j’ai trouvé une cartouche. Je me disais que je pourrais avoir des problèmes aux contrôles. Je l’ai jeté par la fenêtre à la rapproche de l’aéroport. Avec regret.
Le dernier épisode de mon sabre, à l’embarquement. Je l’avais en bagage à main, toujours enveloppé dans du papier journal. Au dernier contrôle, devant la porte de l’avion, les deux jeunes filles en uniforme militaire étaient surprises que j’ai une telle arme avec moi. Très étonnées que j’avais passé les deux contrôles précédents. Elles m’ont dit qu’elles vont me le confisquer et le donner au pilote qui me le rendra à l’arrivé. Surprises que je ne voyais pas d’inconvénient, elles m’ont répété trois fois, tant que je leur ais déclaré que je n’en ai pas besoin dans la cabine. A la correspondance d’Hambourg une hôtesse de l'air m’a rendu le sabre en quittant l’avion. En attendant dans la salle d’attente, avec l’arme blanche sur les genoux, je m’amusais d’observer comment les agents de sécurité vérifiaient les tubes de dentifrice des voyageurs embarquant à Hambourg qui nous rejoignaient. Mon sabre n'intriguait personne.
Et pour terminer, quelques réflexions sur le choc des civilisations.