Croisière Mobula, en Birmanie
J'ai
souvent rappeler l'incohérence des contrôles aux
frontières, dans différents points d'entrées
dans les pays.
A
l'aéroport de Phuket c'est la procédure standard: un à
un devant l'agent, photo sans chapeau et scan du passeport. Pour
sortir ou entrer, en bateau à Ranong,
Franck ramasse les passeports et s'occupe des formalités. Je
ne sais pas si un agent quelconque m'avait vu, moi j'en ai vu aucun.
Pour l'entrée en Birmanie, à Kaw Thaung,
trois fonctionnaires sont montés à bord, se sont
attablés, paprassés entre eux pendant une demi-heure et
parti. Même pas un Bonjour.
Les choses ont
commencé à se gâter dès le lendemain.
D'abord la mauvaise visibilité dans l'eau. Ensuite l'état
de la mer.
Agitée.
Le bateau tangue beaucoup. Sur le pont on marche en zigzagant. Le
nuit j'avais l'impression que je tomberai de la couchette. Ce n'était
pas grave, personne n'avait le mal de mer. Pour la plongée
c'est plus délicat, même que ce n'est pas vraiment la
grosse mer. On peut tomber au cour du transfert sur et du zodiac.
Pire, on peut se cogner quand on remonte directement sur le bateau.
L'état
de la mer a failli tous compromettre. Le bateau navigue la nuit, les
journées sont consacrées à la plongée.
Quatre par jour, à 7, 11, 15 et 19 heure. La deuxième
nuit, sur la route vers Black
Rock, le bateau à
fait demi-tour. On l'a su le lendemain, au réveil. Frank
envisageait de modifier drastiquement le programme et de rester sur
zone. Heureusement que pendant la journée la météo
c'est amélioré et le soir on est repartie vers le Nord.
J'ai mal dormi. Pas parce que le tangage me faisait rouler de droite à gauche et de gauche à droite dans ma couchette. C'était l'incertitude. On avance où on revient? Je n'arrêtais pas d'imaginer un grand arc en demi-cercle du sillon, dans la nuit. Quel soulagement le matin, à l'apparition du rocher Tower Rock. Il y a une flopée 'îles autour, certains d'une tectonique incompréhensible.
On a plongé, on a rien vu. On n'a rien trouvé d’intéressant et la visibilité était catastrophique. C'est là que j'ai fait la plongée la plus brève dans ma carrière de plongeur: 7,2 mètres, 4 minutes. On est descendu à deux, mon guide et moi. Au bout de deux minutes je l'avais perdu. Quand j'ai fait surface je l'avais aperçu à une cinquantaine de mètres. Il était si loin que je n'étais pas sûr que c'est lui et j'ai dû l'appeler pour qu'il me confirme que c'est bien lui. C'est le courant qui l'avait emporté. Lui, pas moi. Moi, je suis sorti à côté du rocher, là où le zodiac nous avait lâché.
Sur le retour l'arrêt plage c'est fait sur une île que je n'ai pas identifiée. Il y en a plein avec plage de sable blanc immaculé et forêt impénétrable derrière. Pourtant celle-là est identifiable, avec ça "Statue de la Liberté" où "Le penseur". On avait débarqué pour deux heures. On ne s'est pas baigné. On est déjà tous le temps dans l'eau.
Chaque
fois quand je me retrouve sur une plage pareille le mythe de Robinson
me vient à l'esprit. En suivant ses aventures dans le livre de
Defoe ou dans tout autre récit littéraire,
cinématographique ou médiatique, le quidam s'exalte en
s'imaginant sur une île déserte. Une situation presque
idyllique: construire une cabane, chasser, pécher, fruits
exotiques ...
La
réalité ne peut être que toute autre. Sur place
je me demandais qu'est-ce que je ferai si je resterai sur l'île,
tout seul ? Dans le roman l'auteur fourni le nécessaire. Il y
a de la nourriture, une arme et munition et des planches dans
l'épave, laquelle n'est pas si loin. Si non, on fait quoi ?
Ici il y avait une sorte de source. Un petit filon
d'eau qui coulait le long du rocher. J'ai voulu gouter, je n'ai pas
osé. Et si on est seul, si on se met à vomir ? Et pour
manger ? Je n'ai pas vu de fruits. Pêcher ? Avec quoi ? Et pour
dormir ? Sur ces îles il n'y a pas de gros animaux sauvages,
par contre il ne manque pas toute sortes d'insectes et reptiles. En
conclusion: se retrouver Robinson, on est beaucoup, beaucoup plus mal
qu'on peut l'imaginer.
Sur
ces îles désertes et romantique on se rende compte du
désastre provoque par la pollution, surtout du plastique. Vous
avez la mer ensuite du sable puis une déchetterie
et finalement la verdure. Quand je pense qu'il y a seulement une
cinquantaine d'années les seuls déchets non
biodégradables charriés par les vagues étaient
les bouteilles avec les messages des naufragés. Heureusement
que la nature fait sa part du boulot. Les marées et le vagues
concentrent tous les saletés dans un seul endroit: la limite
entre le sable et la végétation. Il suffit maintenant
que des éboueurs de la mer, ça crée des emplois,
viennent tout ramasser.
J'étais témoin d'un autre gros problème: la destruction des ressources marines par les pécheurs. Par nécessité individuel et irresponsabilité collective. Je comprends qu'ils ont des familles à nourrir. Tant qu'il en reste de poissons. Le jour on croise des bateaux de pêche.
Là je fais une parenthèse: une fois on leur a même acheté de la glace. Plusieurs paniers. En effet, ils restent longtemps en mer mais ils sont approvisionnés tous les jours.
Je reprends. Un soir, on croyait passer devant une grande ville. C'était des bateaux. Ils péchaient du calamar, qu'ils attirent avec des réflecteurs puissants. Sur une même ligne ininterrompue de l'horizon j'ai compté une soixantaine.
Il parait qu'il n'y a aucune réglementation de la pêche. Ils ramassent tout et trient après. Ce qui est commercialisable est envoyé au marché, le reste vendu pour nourrie les poissons et crustacés de pisciculture dans les enclos en mer et bassins à terre. Dégoûté, Camille et Franck ne mettent pas au menu du poisson. Je ne suis pas tout à fait d'accord avec la stratégie de leur combat, mais je les aime tellement que je n'ai pas envie de polémiquer. Pour remplacer les fruits de la mer on est bien servi de fruits de la terre.
Je
viens e parler de la destruction des ressources par nécessité.
L'irresponsabilité on l'a bien vu au North
Twin. Le poisson,
les pêcheurs, le trouvent soit en plein eau mais là il
faut localiser les bancs. Soit sur les fonds rocheux et coralliens où
les poissons se concentrent à cause de l'abondance de
nourriture. Justement, les abords de North
Twin sont très
poissonneux. Et les pécheurs perdent leurs filets. Le fond est
tapi de filets abandonnés qui étouffent le corail et
toute vie marine. Voilà ce qu'on a vu et trouvé en une
seule plongée:
Et pas uniquement au North Twin, on trouve des filets et lignes abandonnées partout.
En plus, plus tard j'ai découvert dans les photos que j'ai pris parmi les filets une photo mystère. Je ne comprends pas du tout qu'est-ce que c'est cette structure gris claire, comme un tuyau en plastique.
La partie sous-marine est sur la page plongée.
Dans
l'après-midi du dernier jour escale
à Kaw Thaung. Pour que Franck récupère nos
passeports, débarquer le membre d'équipage birman
et boire quelques bières
locales. Juste avant les bières je suis allé faire un
tour au marché. Dans le marché couvert
il fait très chaud et les odeurs sont insupportables. Quand on
voit la marchande de pâte
de poisson, on comprend. Dans les ruelles c'est sympa: