La particularité de Gaua est le volcan Mt. Garet, entouré à mi-hauteur et de deux tiers par le lac Latès. Le piquant de l'histoire est le fait que Mt. Garet est considéré comme le volcan le plus dangereux de Vanuatu: la couche de roche entre le magma et le fond du lac est très mince. Un jour le volcan explosera comme le Krakatoa.
L'excursion type consiste à monter au lac, avec le guide John, le traverser en pirogue et ensuite marcher jusqu'aux les "mad pools", les boues bouillantes. Le lendemain, après avoir passé la nuit sous une tente, on revient en passant par la grande cascade. Les plus téméraires montent au volcan. En une seule journée on peut aller au lac uniquement, surtout si on part après la messe.
Wangrass Bungalows, deux bungalows, sont juste à côté de la piste. On n'est pas gênés par la bruit, le premier avion qu'on entend c'est celui qui vient nous chercher. En effet, il y a deux avions par semaine. Nous, on est arrivé le jour où les nuages se sont abattus sur l'île. Si on remplace la végétation dense par du granit, on se croirait en Bretagne, les jours de mauvais temps.
On fait, quand même, de belles balades avec
David, le gérant de la guest-house. Un chemin, pour les trois véhicules
de l'île, et des sentiers nous mènent d'un village à un autre, d'une famille
à une autre. Une famille, c'est un ensemble de cases. Il y a toujours un nakamal,
une salle polyvalente. Dès fois une église, plutôt chapelle, plutôt modeste.
Quand on arrive à la limite de la propriété on s'arrête et le guide appelle,
quelqu'un apparaît, ils se parlent en bislama et ensuite c'est OK.
On
peut entrer. En général quand on est accepté on peut prendre des photos comme
on veut. Surtout que les enfants sont ravis de se voir ensuite dans le moniteur
de l'appareil. Sauf une famille qui nous demandaient 4000 vt pour entrer et
prendre des photos, 2000 sans photos. Plus cher qu'au Louvre. Pourtant celui-ci
avait l'air pas mal, avec de belles sculptures.
Sous la pluie on avait du temps de discuter.
J'essayais de décrire la neige à John. Il m'avait dit que l'école primaire,
il y en avait sur l'île, coûte 1500 vt par an, pour la secondaire il fallait
aller sur les autres îles et ça coûte 50 000 vt. L'université est gratuite,
il pensait peut-être aux bourses. Il y a cinq langues locales sur l'île.
L'argents qui rentre sur l'île vient du copra. Il y a une télé, à l'hôpital.
Pour se marier il faut payer, par exemple 40 000 vt, un cochon et deux colliers
de coquillages.
Le
dimanche ils vont tous à l'église. C'était notre dernier jour, le temps est
devenue beau. John est arrivé après la messe et on a décidé d'aller, lui et moi,
au lac Latès. Partie à 9h15, pendant une demi-heure le chemin traverse les plantations. Ensuite, jusqu'à la rive du lac
c'est la forêt pluviale, la rainforest. Impressionnant. Pendant trois
heures on n'a pas vu le soleil, caché par la végétation. Le sentier est souvent
coupé par des branches, des lianes, toute sorte d'obstacles végétales ayant
surgi depuis son passage il y a trois jours. Moi je marche, lui il marche et travaille.
Il n'arrête pas de couper avec sa machette
. Après les jours de pluie l'air est
encore frais et la marche n'est pas si difficile. On est allés au lac en trois
heures trente et rentrés en trois heures, avec mes 92 kilos et comme seul entraînement
la marche dans Paris.
La haut il y a le lac, une cabane avec des ustensiles de cuisine et la pirogue qui sert pour la traversée pour escalader le volcan ou aller aux "mad pools", On admire le volcan, de loin, avec ses fumerolles, on pique-nique et on repart par le même sentier. Si John n'était pas allé à la messe on serait parti plus tôt et on aurait pu voir, au retour, la grande cascade.
John
a fait tout le trajet pieds nus: les
chaussures sont trop chères. Il n'a pas de montre. Etait très content de récupérer
nos bouteilles d'eau vides. Pendant le trajet il ne buvait pas. Une fois là-haut
il m'avait expliqué: "Boire, ça fait pisser". Et la transpiration? Il
était sec, tandis que moi j'avais l'air d'avoir gagné le concours de T-shirt mouillé.
Une petite
anecdote pour la fin. On a donné quelques gadgets aux enfants, dont un
casse-tête chinois que j'avais emporté sans faire exprès. Une boule en
plastique composée de plusieurs fragments. Ils l'avaient tout de suite démonté
et je n'arrivais pas a leur montrer comment la reconstituer. Ils sont partis
jouer et un demi-heure plus tard une des filles m'avait ramené la boule
recomposée. Je fais pas ici celui qui est surpris de voir qu'ils peuvent être aussi intelligents
que nous, voir plus vu que moi je n'arrivais pas. Pourtant ils ne connaissaient
même pas le concept! Bien, la prochaine fois on va faire plus difficile, je vais
leurs apporter un petit meuble à assembler de chez IKEA.