Ohrid,
plongée dans de
l'eau douce.
Les photos marqués d'une petite toile d'araignée dans le coin haut et droite sont prises en 1983
Bien, on peut plonger à Ohrid! Ensuite, voilà le récit de notre voyage
Ca fait déjà trois ans qu'on est des grands parents: baba et dedo (mamie et papi, en macédonien). Cette année on a été autorisé de partir en vacances avec Nael. Il y n'y a pas beaucoup de destinations pour des vacances avec un enfant de trois ans. On n'a pas cherché la difficulté, on avait décidé d'aller à Ohrid, en Macédoine. A trois, avec ma belle soeur Vase, on n'était pas de trop à s'occuper de lui, même qu'il est très sage.
Ohrid est une station balnéaire sur le lac de même nom, à 700 mètres d'altitude. Quand je suis venu pour la première fois j'ai rien vu. J'étais dans le ventre de ma mère, en septembre 1946. Et cette année, le 11 juillet, c'était la quarantième anniversaire de mon mariage. C'est fou comment le temps passe vite!
Ohrid était un grand centre religieux et culturel déjà au IXe siècle. A cette époque Saint Clément (Kliment) participait à la conception de l'alphabet cyrillique. Au Xe la ville est devenu la capitale du roi Samuel. En plus des vestiges qui remontent à l'antiquité, au fil des siècles une architecture originale c'est développée.
Aujourd'hui Ohrid est devenue une usine touristique comme de nombreuses villes méditerranéennes. A l'excès. Surtout les plages. La mairie les loue aux plagistes privés et eux installent des restaurants ou simples buvettes et recouvrent les plages de chaises longues. Ca ne donne vraiment pas envie d'y aller, à la plage.
A
l'autre bout du lac, la plage de Ljubanishta
est, peut-être, la
dernière plage authentique. Heureusement que là bas,
dans le camping, Sneze et Boro, Boro le cousin de Vera, s'étaient
installés. C'est à trente kilomètres
,
mais ca vaux le coup d'y aller. Avec un gros pastèque, bien
frais. Acheté la veille, il passait la nuit dans la fontaine
du jardin de la maison où on louait l'appart. Pour couper
le pastèque Nael n'a pas d'autre maitre que dedo
Borrrro.
La plage est bondée
les weekends, en semaine très
calme. Même que des
fois le navire qui fait la
navette entre Ohrid et St Naum vient dire bonjour. Il parait qu'entre
deux rotations le capitaine vient voir des copains.
Le
St Naum (ce prononce: Naoum), a quelque centaines de mètres de
la frontière albanaise
,
est un monastère construit à partir du Xe siècle.
A partir d'Ohrid des excursions
d'une journée sont proposées. C'est une belle balade
sur le lac. On passe juste devant la résidence
du Président de la République. Une petite vedette
de la police monte la garde, avec le policier se protégeant du
soleil avec un parasol offert par une marque de bière. Un peu
plus loin, l'hôtel banal d'aujourd'hui, c'était la
"Maison de vacances des
syndicats", là ou ma génération
fêtait le bac en 1965 (le
premier à gauche c'est moi). Ah, la nostalgie. Sur place on
s'est posé sur la première plage
,
juste à droit du petit port, et on a
passé
la journée sans visiter le monastère,
qu'on connaissait bien déjà. On s'est déshabitué
a voyager avec enfants. La bouffe, les affaires. On avait avec nous
le pot de chambre aussi. Nael commençait à être
propre et même à faire pipi debout,
mais l'affaire n'était toujours pas au point. En plus, le
petit doit faire sa sieste. Moi, j'ai fais le tour des magasins de
souvenirs qui proposent leur camelote
habituelle, avec l'accent sur des souvenirs
nationalistes.
Ce
que j'apprécie en Macédoine c'est qu'on mange bien et
pour pas cher. Surtout les grillades, dont les fameuses kebapcinja
(diminutive de kebab, au pluriel) et avec une salade, des poivrons
biens piquants et la bière bien fraîche,
ici avec un yaourt liquide.
En plus, à Ohrid il y a la truite
du lac. Elle est protégée, la pèche est
interdite à cette époque de l'année. C'est comme
le crabe des cocotiers au Vanuatu, c'est interdit mais on le trouve
dans les restos. Délicieuse! Et il y a les fruits. A part des
immenses pastèques il
y a des cerises rouges et
blanches, griottes, pèches,
abricots, framboises et cette sorte de mures qu'on appelle doudinki
(au pluriel) en macédonien. La doudinka
est le fruit d'un arbre et, je croix, c'est le seul fruit européen
qu'on ne trouve pas à Paris. Un régal, tous ces fruits
cueilli la veille. Surtout les gros abricots, durs comme des pommes
et savoureux.
Il ya encore autre chose que j'aime bien à Ohrid comme à Skopje. Ils ont des feux tricolores avec des compteurs qui indiquent le nombre de seconds avant le changement de la couleur. Pas seulement que ca n'emmerde pas les conducteurs, au contraire: c'est très agréable! Donc on ne risque pas de les voir en France. Ils ont aussi des radars pédagogiques.
Je
comprends que les gens veulent vivre du tourisme, et même
gagner beaucoup d'argent. Surtout que la saison ne dure, au maximum,
que deux mois. Néanmoins c'est regrettable qu'ils aient
détruit leur héritage culturel original. C'est très
dommage que la vielle ville est complètement
défigurée. Ca
a commencé, doucement, avec le développement du
tourisme, personnellement je l'avais remarqué déjà
dans les années quatre-vingt. Ensuite tous c'est accéléré.
Ohrid, sous protections de l'UNESCO, ne peut que rêver d'un
quartier conservé comme Pelourinho
et je ne parle que du premier qui m'arrive à l'esprit, le
dernier que j'ai visité. Il en reste quelques maisons de cette
architecture blanche où chaque étage est plus étandu
que le précédent:
Je
disais que c'est une ville chargé d'histoire, avec un trésor
archéologique. Evidement les vestiges sont abimés. Là
où Ohrid a de la chance c'est qui il a un conservateur en chef
soutenu par les autorités et beaucoup d'imagination qui lui
permet de dépasser les stades de conservation et restauration.
Si un monument est en très mauvais état ou il ne reste
que des fondations: on reconstruit. Plus beau que l'original. La
citadelle, du Xe siècle,
sur le sommet de la colline était
très abîmée.
Il y a une soixantaine d'années les gens construisaient encore
leurs maisons avec les pierres des remparts. Elle a été
refaite à neuf
.
Avec de très beaux rambardes métalliques.
Plus
bas c'est le site de Plaosnik
.
Sur le site se sont succédé
des temples: des tombes préhistoriques, une basilique
gréco-romaine, le complexe bâti à l'époque
de St Clément, une mosquée. Le monastère de St
Clément était une sorte d'Université où
il enseignait l'alphabet Cyrillique à ces disciples. Le
monastère était démoli au XVIe siècle
et il ne restait que des fondations, dans lesquelles la tombe de St
Clément à était découverte. En 2002 le
monastère était reconstruit, en plus beau.
De toute façon personne ne savait comment était
l'original. Il n'est pas question de reconstruire la basilique,
elle a du être très belle aussi mais cette idée
n'est pas sur la ligne du Partie (actuel au pouvoir). Il reste des
beaux mosaïques
et un bénitier,
protégés des intempéries par une construction
bien adaptée celle là. Observant les mosaïques, un
moment j'ai eu un doute: est-ce des originaux?
J'ai conclu que oui, sinon ils auraient été encore plus
beaux.
Pas loin se trouve l'église St. Clément. Un joyaux! Elle était en travaux. J'espère que ... Vous voyez à quoi je pense. On ne peux pas ne pas remarquer la petite chapelle, juste à côté, avec ca belle croix en plastique. Toute la surface intérieure de St. Clément est couverte de superbes icones.
Un
peu plus bas on trouve le théâtre
antique, mis a neuf aussi
.
Normal, comment installer le public sur des sièges brisés
pour des spectacles qu'on donne aujourd'hui dans ce lieu mythique?
Encore plus bas, au bord du lac, à Kaneo, se trouve la petite église du XVe siècle, symbole de la ville par sa beauté. Dans son paysage exceptionnel elle est sur toute les cartes postales. Aujourd'hui elle est cerné par des chaises longues. Une deuxième église est rajoutée en contrebas de la première.
La
chef d'œuvre c'est le Musée
sur l'eau. Dans La
baie des os,
Milutin, mon instructeur de plongée, avait découvert en
1997 les restes d'un village sur pilotis. Environs 6000 pieux, des
céramiques et des os, à cinq mètres de
profondeur. Il y avait dans la baie un village lacustre habité
pendant plusieurs siècles entre 1500 et 700 av. JC.
L'imagination aidant, le village a été reconstruit et
dans la foulée des fortifications gréco-romains sur la
colline, que je n'ai pas vu. Le village est aussi beau que le Château
de La Belle au Bois Dormant
de Disneyland. J'imagine les hommes préhistorique sur la
véranda, observant le
couché du soleil, sirotant l'ouzo avec beaucoup de glaçons
et huilant leurs scies sauteuses. Il parait que ca plait aux
touristes. Mme Bokova, la
Directrice générale de l'UNESCO viens de l'honorer de
ça
visite le 28 août
2011 et de rappeler qu'il faut sauvegarder l'authenticité au
cours des conservations et des restaurations.
J'essai d'imaginer, avec des enthousiastes pareilles, à quoi ressemblerai le Colisée de Rome ou Stonehenge. J'imagine le Phare d'Alexandrie, le Temple du roi Davide, le tour de Babel ou même le Paradis reconstruit.