Puerto Madryn                                               Patagonie                                                 Iguazu

Buenos Aires, la déception.

    Aeroparque, l'aéroport des vols domestiques, est en pleine ville et l'arrivée est assez scénique. Tous le centre-ville défile sur le côté gauche de l'avion. Sur le meilleur cliché on voit bien les bassins du Puerto Madero avec le pont piéton mobil et la gare maritime de Buquebus au premier plan, à droite.

    Buenos Aires est une ville mythique. Amérique du Sud, tango, Gardel ... Personnellement, il y a longtemps, j'avais un disque vinyle de Valeria Munarriz dont le refrain d'une chanson (Balada para mi muerte   ) disait qu'elle rêve de "mourir à Buenos Aires, à six heure du matin ... ". Après la fête, donc. Paris de l'hémisphère Sud ? J'avais prévu six jours. Heureusement qu'on a trouvé l'hôtel le moins cher du voyage, en centre-ville: avenue Cordoba.

    Pour nous le séjour à Buenos Aires n'était pas aussi romantique. A cause de l'agression, heureusement sans autres conséquences. Ça nous est arrivé lors de la première sortie, à trois cents mètres de l'hôtel, sur l'avenue presque déserte le samedi après-midi. Juste après nous avoir croisé, un voyou s'est retourné, pris le bras de Vera avec une main et avec l'autre saisi et tiré son bracelet en or. Heureusement que le bracelet était de qualité et ne s'est pas brisé. Moi j'étais un pas devant elle, mon appareil photo dans la main. Je n'ai rien vu, j'ai entendu son cris d'horreur déchirant, qui l'avait fait lâcher prise. Le temps de me retourner, il fuyait. J'ai fait ce que j'ai pu: j'ai pris une photo.

    Au cours de nos voyages on prend toujours les précautions de base et on peut compter sur les doigts d'une main les incidents mineurs avec des gens malhonnêtes qu'on a vécus. Cette mésaventure a fait qu'on était, durant tout le séjour à Buenos Aires, méfiants et un peu stressés. On s'est rendu compte qu'on peut se retrouver face à face avec un agresseur, ça ne nous est jamais arrivé. Et encore, celui-ci s'est sauvé, sans insister.

    Buenos Aires c'est comme une grande ville européenne, mais ce n'est pas Paris, Rome ou Moscou. Pas de monuments mondialement connus. Pas touristique, avec des trottoirs souvent défoncés. Rue Florida, à deux blocs de notre hôtel, est la principale rue commerçante. Moi j'étais étonné par le nombre de personnes qui criaient: cambio, cambio, cambio ... Je ne comprenais pas qui changerait de l'argent dans la rue aujourd'hui? Les touristes étrangers sont peu nombreux et ils possèdent tous des cartes de crédits. Les distributeurs de billets ne manquent pas. Les magasins vendent du kitch, essentiellement. J'ai vu du Dior, Vera m'assurait que c'est du faux, que Dior n'a jamais soldé à 50%. Difficile de trouver de souvenirs de qualité. Le seul qu'on a trouvé: El Boyero, aux Galerias Pacifico, rue Florida, au plafonds peints et gâteaux copieux. Une seule boutique de tussus artisanaux (Elementos argentinos, Gurruchaga 1881, à Palermo), mentionnée dans le Routard. Pas loin de Voulez Bar, aux gâteaux délicieux et limonada especial à ne pas manquer. Et ne surtout pas manquer Don Julio, pour ces steaks gargantuesques de 500 grammes.

    Notre hôtel est à côté d'une des avenues principales, Av 9 de Julio, qui descend vers le Sud où elle est barrée avec un immeuble au portrait filaire d'Eva Peron. Au milieu, pas loin de Cordoba est l'Obélisque. A une distance à pied est la Plaza de Mayo, avec la Casa Rosada, la présidence de la République, avec la Catedral Metropolitana en face. Les "Mères de la Place de mai", les mères des disparus de la dictature, ne sont plus là. Appelées "Folles de Mai" elles défilèrent pendant vingt-cinq ans en tournant en rond tous les jeudis après-midi. Elles sont remplacées par les nostalgiques de la guerre des Malvinas. Ils tiennent permanence devant le Palais du Congres aussi, sur Plaza del Congreso.

    A quelques pas de la Plaza de Mayo est le Puerto Madero, l'ancien port de Buenos Aires réhabilité en quartier chic, un peu comme les docks de Londres. Les entrepôts sont transformés en bureaux et appartements de luxe. On y était une dimanche après-midi ensoleillé, au milieu des milliers de promeneurs. Les apparts sont chers, les cafés corrects. Le pont tournant, Puente de la Muhar, est original et très élégant.

    La gare maritime de Buquebus, les ferries pour Colonia, en Uruguay, est super moderne, elle ressemble à un aéroport. En quittant le port, sur les vois de la gare ferroviaire qui à côté, j'ai pu voir comment sont livrés les wagons neufs: emballés dans du plastique comme toute marchandise.

Colonia

    Et le tango ? J'ai laissé le meilleur pour la fin. On est d'abord aller à la Confiteria Ideal, le temple (au moins pour les touristes) du tango. En préparant le voyage je rêvais de trouver une boite populaire, un troquet pour voir du tango authentique, où les gens dansent pour leur plaisir. On s'est même préparés, pour rire bien sûr. Mais après l'incident avec le voyou il n'était plus question de traîner n'importe où. Donc au Cofiteria Ideal c'est un spectacle. Sobre et sophistiqué. Deux couples, deux musiciens et un présentateur-chanteur. Mais quel spectacle! Incroyable, et incompréhensible pour moi, la synchronisation et l'harmonie des pas ci complexes. Surtout un des cavaliers. Un bonhomme insignifiant en dehors de la salle, virtuose sur la piste. Heureux dans les mouvements, avec la jeune femme dans les bras, son visage exprimait la souffrance de la terre entière. Chapeau, l'artiste! Dommage que je n'ai pas pris des photos. Traumatisés comme on était, je n'ai pas pris l'appareil, même pas le téléphone portable.

    Le lendemain, en passant devant le Teatro Colon on avait vu du monde et on se dit d'y faire in tour. On a pris des billets pour une visite guidée. En se demandant quoi faire en attendant l'entrée prévu deux heures plus tard, une jeune fille nous est abordée en nous proposant deux billets gratuits pour le concert qui commençait dans quelques minutes. Les amis qu'elle attendait ne sont pas venus. C'est qu'il y a des concerts gratuits une fois par mois, on est tombés pile-poile. On avait apprécié, un concert de l'orchestre Bariloche. Je suppose qu'ils venaient de la ville de Bariloche.

    C'était drôle de voire la salle vide après l'avoir vu comble. L'explication sur les loges est amusante. Juste à côté de la scène sont les loges du Président de la République et du maire de la ville. Le guide a répondu à la question que j'avais voulu lui poser, avant que je la pose: On ne voit pas bien de là !? Ils ne viennent pas pour voir, ils viennent pour être vu. Sinon on a appris que c'est la plus grande Opéra, après le Palais Garnier à Paris et celle de Vienne. Elle est l'œuvre de trois architectes successifs, dont un assassiné par l'amant de sa femme qu'il l'avait surpris. Chacun dans son style, ne tenant pas compte du précédent. Le français avait fait le salon aux miroirs, comme à Versailles en plus intime. Sur les photos de l'époque, j'en ai vu une intéressent: un vendeur de quelque chose de chaud.

    On est allé au Cafe Tortoni, aussi. Du spectacle, également mais différent. Du spectacle scénarisé. De la milonga, je suppose. Moins pure qu'au Confiteria. Avec les danseuses agitées qui balancent les jambes dans toutes les directions. Beaucoup plus de la cuisse que de la passion et de l'harmonie. Cette fois si, j'avais l'appareil photo avec moi:

    Encore deux ou trois curiosités:

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